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Crystal Ball est le vingt-troisième album de Prince. Il est le quatrième album à paraître sous le nom du « Symbole » (après The Gold Experience, Chaos And Disorder, et Emancipation). Il est paru sous la forme d’une compilation dans un coffret de 5 CD (pour l’édition originale vendue uniquement par correspondance) ou 4 CD (pour l’édition trouvable en magasins).

L’édition 5 CD comporte en réalité trois albums : Crystal Ball (sur 3 disques), The Truth et Kamasutra. L’édition 4 CD ne comporte que les albums Crystal Ball et The Truth.

Le coffret de 5 CD Crystal Ball a été distribué par envoi postal à partir du 29 janvier 1998. La version 4 CD a ensuite été disponible en magasins à partir du 21 mars 1998. Il est paru chez NPG Records qui en assura la distribution directe.

1998 crystalball front

Crystal Ball (version 4 CD)

 

Genèse

Crystal Ball a été annoncé comme projet à venir dans le livret de l’album Emancipation, paru en novembre 1996. Cet album était très attendu par les fans car son nom fait référence à un projet abandonné de 1986, le triple album Crystal Ball, qui avait été refusé par Warner pour des raisons essentiellement commerciales, et remodelé ensuite pour devenir le double album Sign O The Times.

D’autre part, le nouveau coffret Crystal Ball est annoncé comme contenant du matériel « largement piraté » durant les années précédentes. Il s’agit donc d’une compilation d’out-takes (inédits studio) que les fans attendaient de découvrir en version officielle, éditée sur un CD avec un son parfait.

Crystal Ball fut le premier album d’un artiste majeur à être vendu uniquement sur internet. Les commandes se sont ouvertes en mai 1997 au tarif de $50 cependant le contenu n’avait pas été révélé et l’album n’était pas encore prêt ce qui n’avait pas été dit clairement. Quelque temps plus tard il fut annoncé que l’album serait produit à partir du moment où 100 000 commandes seraient enregistrées, sans donner de délai maximum. Il s’agissait donc pour les fans d’investir dans un projet plutôt que de simplement acheter des CD, une sorte de « crowdfounding » avant l’heure. La communication autour de cela fut très floue, et beaucoup de fans étaient mécontents de ne pas recevoir leurs CD. Il y eut plusieurs annonces de reports successifs au fil des mois, et les premières expéditions de coffrets n’ont eu lieu qu’à partir du 29 janvier 1998 soit près de huit mois après les premières commandes.

A côté de cela, les commandes et les expéditions ont été très mal organisées. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque les ventes à distance sur internet sont encore artisanales. Il y eut des soucis de carte de paiement, prélevées plusieurs fois, et des soucis d’expédition des coffrets. L’ensemble de ces activités étaient assuré directement par NPG Records, autrement dit par des personnes qui n’étaient pas des professionnels de la vente en ligne.

Pour calmer les esprits sur les délais, il fut annoncé que les albums The Truth et Kamasutra seraient intégrés au projet. D’autre part, en 1998, 1-800-NEW-FUNK a procédé à des envois complémentaires avec des t-shirts ou des cassettes audio du single The War.

Enregistrement

De part sa nature de compilation, Crystal Ball contient des titres qui proviennent de nombreuses sessions différentes. On trouve globalement trois catégories : la période 1986, qui correspond au nom original du projet, la période 1993-1995 avec les NPG, et les autres périodes.

La période 1986 est représentée par les titres Crystal Ball, Dream Factory, Movie Star, An Honest Man, Good Love, et Last Heart, ce qui est relativement peu sur la totalité des titres du coffret. Good Love était déjà paru (en version plus longue) sur la bande originale du film Bright Lights Big City (Les Feux de la Nuit en français). An Honest Man figurait sous forme instrumentale dans le film Under The Cherry Moon.

La période la plus représentée est celle des NPG (1992-1995) avec Acknowledge Me, Love Sign (remix), Hide The Bone, 2morrow, So Dark, Tell Me How U Wanna Be Done, Interactive, Da Bang, Calhoun Square, What’s My Name, Strays Of The World, Days Of Wild, Poom Poom, 18 & Over, The Ride, Get Loose, P Control (club mix), et Goodbye. Il s’agit essentiellement de morceaux n’ayant pas pu être intégrés dans les albums de cette époque, ou de remixes de titres déjà parus.

Les derniers titres proviennent de sessions qui s’étendent de 1982 (Cloreen Bacon Skin) à 1996 (She Gave Her Angels). Ainsi, l’album contient aussi bien des titres de l’époque « Prince » que de l’époque du « Symbole ».

D’après les informations sur le site internet de Prince à l’époque, la compilation en elle même a été finalisée le 4 juillet 1997.

Éditions

Crystal Ball est sorti en deux éditions distinctes. L’édition originale avec 5 CD est présentée sous la forme d’un boitier transparent, rond et plat, ne contenant aucun livret. Le livret était à télécharger sur un site internet dédié, et à découper soi-même pour l’intégrer dans le boitier. Bien qu’annoncé comme étant innovant, ce principe n’a pas réellement suscité d’enthousiasme. La seconde édition fut celle trouvable en magasins à partir de mars 1998. Elle ne comporte plus que 4 CD dans un boitier classique, l’album Kamasutra ayant été écarté de cette configuration.
1998 crystalball boxset

Crystal Ball – édition 5 CD en boitier rond et plat

  • Disc 1:
  1. Crystal Ball (10:28)
  2. Dream Factory (3:07)
  3. Acknowledge Me (5:27)
  4. Ripopgodazippa (4:39)
  5. Love Sign (Shock G’s Silky Remix) (3:53)
  6. Hide The Bone (5:04)
  7. 2morrow (4:14)
  8. So Dark (5:14)
  9. Movie Star (4:26)
  10. Tell Me How U Wanna B Done (3:16)
  • Disc 2:
  1. Interactive (3:04)
  2. Da Bang (3:20)
  3. Calhoun Square (4:47)
  4. What’s My Name (3:04)
  5. Crucial (5:06)
  6. An Honest Man (1:13)
  7. Sexual Suicide (3:40)
  8. Cloreen Baconskin (15:37)
  9. Good Love (4:55)
  10. Strays Of The World (5:07)
  • Disc 3:
  1. Days Of Wild (9:19)
  2. Last Heart (3:02)
  3. Poom Poom (4:32)
  4. She Gave Her Angels (3:53)
  5. 18 & Over (5:40)
  6. The Ride (5:14)
  7. Get Loose (3:31)
  8. P. Control (Remix) (6:00)
  9. Make Your Mama Happy (4:01)
  10. Goodbye (4:35)

+ l’album The Truth et l’album Kamasutra

Analyse

Si l’on excepte le Black Album, le projet abandonné le plus connu et développé dans la communauté des fans est incontestablement Crystal Ball, dont la plupart des titres avaient commencé à circuler entre fans sur cassette audio et éditions pirates vers la fin des années 1980.

En réutilisant ce titre pour cette compilation en 1998, Prince mettait d’entrée de jeu la barre très haut. L’objectif était de couper l’herbe sous le pied des pirates, en éditant officiellement les titres les plus diffusés sous le manteau. La période NPG de 1992 à 1995 avait vu également un très grand nombre de morceaux échangés entre fans, et pratiquement toutes les sessions studio de cette époque étaient déjà en circulation, ce qui explique leur présence ici. Le coffret est construit comme un « faux bootleg » c’est à dire comme s’il s’agissait d’une édition amateur faite par les pirates eux-mêmes. C’est la raison pour laquelle on trouve un packaging assez léger, des notes de pochette parfois fantaisistes, et des morceaux mal assemblés et un peu coupés. Le problème est qu’au même moment les pirates sortaient parfois des éditions sublimes et extrêmement bien documentées, et du coup le sentiment a été que Prince faisait en fin de compte moins bien que les amateurs.

D’autre part, le fait d’intégrer des morceaux incomplets ou enchaînés a suscité un intérêt nouveau après des fans qui ont cherché à trouver… les versions complètes sur disque pirate, produisant un effet inverse à ce qui était recherché.

Compte tenu de l’abondance du matériel inédit chez Prince, le triple album se justifie pleinement. Sauf que ce nouveau projet vient juste après Emancipation, qui était déjà un triple album. Le bémol est aussi que les trois disques sont remplis à hauteur de 50 minutes chacun environ, ce qui est très en dessous de la capacité totale d’un CD (80 minutes). Prince aurait donc pu ajouter une bonne dizaine de titres à l’actuelle compilation, pour rentabiliser l’espace. Mieux, le contenu des trois disques peut tenir sur seulement deux CD en réaménageant l’ordre des morceaux !

Au delà de tout cela, sur le plan musical Crystal Ball est un fabuleux album qui contient énormément de Prince « expérimental », délaissant son côté pop le plus évident. Ce sentiment est encore renforcé par la présence de l’album semi-acoustique The Truth et du ballet néo-classique Kamasutra dans le coffret. Prince paraît ainsi s’aventurer dans plein de directions musicales différentes.

Le premier CD, excellent de bout en bout, contient notamment la pépite du coffret : le morceau Crystal Ball, longue suite psychédélique funk de plus de 10 minutes datant de 1986, immédiatement suivie de Dream Factory de la même époque. Suite à cela, Acknowledge Me et Ripopgodazzipa, initialement envisagés sur les albums Come et The Gold Experience, font merveille. Le disque fait l’alternance entre les époques, sans que l’écoute continue en pâtisse. On regrettera juste que des morceaux comme le remix de Love Sign ou Movie Star soient coupés par rapport aux versions existantes en pirate.

Le second disque est un peu plus inégal, mais comporte tout de même un choix impressionnant de morceaux. La série des quatre premiers est juste énorme : Interactive (version complète, jusqu’alors nous n’avions que la version tronquée du CD-ROM Interactive), Da Bang, Calhoun Square et What’s My Name?. En revanche, Good Love (déjà connu) et An Honest Man (qui sonne comme une démo) sont dispensables. Ce disque contient aussi un jam de plus de 15 minutes, Cloreen Bacon Skin, avec juste Prince à la basse et Morris Day à la batterie, qui aurait pu être édité même si on comprend qu’intervient là le principe du « faux bootleg ».

Sur le troisième CD on trouve deux morceaux très attendus, Days Of Wild et The Ride, mais il s’agit (heureusement ou malheureusement selon les avis) de versions live. Last Heart, un titre datant de 1986 et très attendu lui aussi, est bienvenu mais mal enchaîné avec le titre précédent. On trouve sur ce disque également trois remakes / remixes de titres officiels : 18 & Over (qui utilise des éléments de Come), Get Loose (remix de Loose) et P Control.

Finalement, si l’on met de côté les titres déjà connus d’une façon ou d’une autre au moment de la sortie de la compilation, il n’y a que très peu de réelles nouveautés.

Singles

Cet album n’a donné lieu à aucun single.

Critiques

Les revues de cet album ont été globalement mitigées. Pour certains l’album recèlera des trésors, et pour d’autres il n’y verront qu’une compilation de chutes de studio, forcément moins intéressante que ce que l’on trouve sur les véritables albums. Le site AllMusic ne lui accorde que 3 étoiles sur 5 par exemple, tandis que Rolling Stone lui accorde un demi-point de plus.

Le problème est qu’avec autant de matériel édité durant les 5 années précédentes, Prince ne devenait plus lisible sur le marché, et sa musique ne pouvait plus être jugée à la mesure de la qualité intrinsèque des morceaux.

Performances commerciales

Les chiffres de vente exacts ne sont pas connus. On sait juste que l’édition originale pouvait paraître après 100 000 pré-commandes et qu’elle était limitée à 250 000 exemplaires. La version 4 CD disponible en magasins a pu rapporter environ 100 000 exemplaires supplémentaires. L’album a atteint la 62ème place du Billboard 200 et la 59ème place du top R&B aux États-Unis.

Pour Prince, le principal intérêt de l’album est sur le plan financier. Avec 100 000 exemplaires tarifés à $50 pièce en pré-commande, Prince engrange d’entrée de jeu un chiffre d’affaire de 5 millions de dollars, pour une production minimaliste puisqu’il s’agit d’une compilation de titres existants. La distribution étant assurée entièrement par NPG Records il conserve un pourcentage extrêmement élevé sur les ventes, de l’ordre de 60 à 80%. Livré sans intermédiaire, Crystal Ball a permis à Prince de rester « n°1 à la banque » (comme expliqué en 1997 lors d’une interview avec l’acteur Chris Rock) malgré des ventes de disques sans cesse en diminution depuis quelques années.

Héritage

Prince n’a pas donné de tournée à la suite de cet album, et l’essentiel du matériel est assez ancien. Le fait de sortir un coffret de 5 CD reste un événement exceptionnel dans la carrière d’un artiste, pour autant Prince semblait trouver cela tout juste normal. Le coffret reste un témoignage impressionnant de l’étendue des talents de Prince.

 
 
 

La note

En résumé

Titre :

Date de sortie :

Durée :

Studios d’enregistrement :

Studios de mixage :

Certification :

Tournée :

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