1999 The New Master est un EP (maxi) contenant sept versions différentes du titre 1999 édité originellement en 1982 et ré-enregistré sous le nom de Prince and The Revolution. Ce disque est paru le 2 février 1999 chez NPG Records.

Genèse
Alors qu’approchait l’année 1999, Warner flaira une belle opération commerciale avec le titre 1999 (extrait de l’album du même nom paru en 1982) qui pouvait potentiellement devenir l’emblème musical de l’année, en étant diffusée par les radios, dans les discothèques, les clubs, etc…
Leur idée était donc de ré-éditer la version originale de 1982, éventuellement en l’agrémentant de remixes pour la mettre au goût du jour. On ne sait pas si Prince a été contacté au sujet de ce projet, mais en tous cas il semble au final que Warner n’ait eu qu’une marge de manœuvre très limitée au sujet de cette édition. Ils furent obligés d’éditer le single dans sa configuration de 1982 sans pouvoir y apporter de changement. Ainsi, l’édition Warner du single de 1999 paru en novembre 1998 comporte une pochette simpliste, et les titres D.M.S.R. et How Come U Don’t Call Me Anymore ? en « face B », comme sur les singles originaux.
Au moment de la sortie de ce single chez Warner Bros, Prince déclara dans un communiqué de presse qu’il était opposé à cette sortie, et que les retombées financières seraient majoritairement pour le propriétaire des bandes master du titre, à savoir Warner Bros. Il fut annoncé sur le site web Love4oneanother.com que Prince préparait de son côté plusieurs nouvelles versions de ce titre et qu’un EP intitulé 1999 The New Master serait prochainement proposé. Le fait de ré-enregistrer intégralement la chanson est un moyen de posséder les bandes master et ainsi de récupérer les droits sur cette nouvelle version.
Le même communiqué indiquait que 1999 The New Master serait attribué à Prince and The Revolution, et serait une avant-première d’un album intitulé Roadhouse Garden qui avait déjà été annoncé le 7 octobre 1998. Cet album était destiné à contenir des enregistrements de l’époque Revolution retravaillés ou terminés. Prince annonça qu’il avait même demandé à Wendy And Lisa de coproduire l’album, mais elles ont démenti avoir été contactées à ce sujet.
Enregistrement
Le lieu et les dates précises de l’enregistrement des 7 versions de 1999 The New Master ne sont pas connus, cependant si le titre a été enregistré à Paisley Park, cela ne peut être qu’entre début novembre 1998 (date de la réédition du single par Warner et point déclencheur de cette situation) et le 10 décembre 1998 (date à laquelle Prince part pour l’Europe pour la dernière partie du Newpower Soul Festival). Le morceau fut diffusé pour la première fois en public lors de l’afterparty donnée à Francfort le 22 décembre 1998.
Bien que le titre soit attribué à Prince and The Revolution, aucun des membres originels du groupe n’a participé à cet enregistrement. A la place, Prince a recruté Larry Graham, Rosie Gaines, Doug E Fresh, et l’actrice Rosario Dawson.
Éditions

1999 The New Master est paru en CD en maxi vinyle de couleur violette.
Une déclinaison en maxi promo US existe avec une pochette comportant un sticker spécifique.
- 1999 (The New Master) (7:09)
- Rosario (1999) (1:19)
- 1999 (The Inevitable Mix) (5:46)
- 1999 (Keep Steppin’) (4:33)
- 1999 (Rosie & Doug E. In A Deep House) (6:23)
- 1999 (The New Master: Single Edit) (4:30)
- 1999 (Acapella) (5:11)
Singles
Cet EP ne donna lieu à aucune déclinaison en single.
Analyse
1999 The New Master est un nouvel épisode dans la guerre que Prince livre à la Warner, avec laquelle il est encore sous contrat à l’époque (son contrat discographique a pris fin en 1996 mais il reste les droits d’édition qui couraient jusqu’au 31 décembre 1999). Depuis 1993, les sorties de disques se sont multipliées, associés tantôt à « Prince », tantôt à , ou encore aux New Power Generation. Cette fois, Prince ressuscite le nom de The Revolution alors que le groupe n’existe plus, et pire, qu’aucun de ses membres originels ne figure dans la nouvelle formation.
Ce disque inaugure l’exécution d’une menace que Prince laissait planer depuis quelques années, et qui avait déjà conduit, en partie, à la sortie du Purple Medley en 1995. Celle de ré-enregistrer ses propres titres pour en détenir les bandes master ainsi que les droits d’édition qui vont avec. Ce stratagème permet aussi de ranger les fans du côté de l’artiste, en boycottant le single commercial édité par Warner.
Cependant, cela ne peut fonctionner que sous certaines conditions. Il faut que la nouvelle version soit musicalement équivalente, voire supérieure, à l’originale. Or dans ce cas précis c’est tout le contraire : la réécriture de 1999 est bâclée, sans âme, particulièrement insipide. Bien qu’assez proche du morceau d’origine, au moins au début, elle devient rapidement mollassonne et se termine par un break façon salsa et des percussions, qui la dénaturent de l’originale. La présence de Doug E Fresh fut jugée risible. Sa prestation consiste en une phrase bidon « this is the party of the century » (= « c’est la fête du siècle ! ») répétée tout au long du morceau, et à un rap peu remarquable.
Ce sentiment est renforcé par des déclinaisons en remixes totalement creuses et dispensables, sauf peut être le groovy Keep Steppin’. Quant à Rosario Dawson, elle déclame une sorte de poème sur la musique de… Little Red Corvette ! Les autres remixes se classent dans la catégorie dance / techno et deviennent fatiguant au bout de 15 secondes, entre les onomatopées de Rosie Gaines et le beatboxing de Doug E Fresh. Au final, il n’y a réellement rien à sauver de cet opus de 7 titres.
De même, la résurrection du nom de The Revolution a été perçue par les fans comme une trahison envers le groupe original, remplacé pour l’occasion par Larry Graham, Rosie Gaines, Doug E Fresh, et l’actrice Rosario Dawson.
D’autre part, le temps a manqué pour que Prince puisse contrer efficacement le single commercial de la Warner. En paraissant le 2 février 1999 il était déjà trop tard pour qu’il soit utilisé dans les célébrations de la nouvelle année. Autre point d’irritation, l’édition CD se présente sous la forme d’un digipack de taille supérieure à la normale. Cela a probablement été voulu pour faire ressortir le disque parmi d’autres, mais l’inconvénient est qu’il est impossible de le ranger dans une CD-thèque conventionnelle ou un tiroir à CD.
Critiques
Les quelques critiques furent particulièrement négatives, le site All Music attribuant à cet opus la note de 1 1/2 sur 5.
Performances commerciales
Les chiffres de vente ne sont pas connus, d’autant que NPG Records demandait à ce que 1999 The New Master soit considéré comme un single dans les classements officiels, alors qu’il fut désigné comme un EP ce qui l’intégrait dans la catégorie des albums. Au Billboard 200 (un top album donc), 1999 The New Master ne fit une apparition que pendant une semaine à la 150ème place, et il resta deux semaines dans le Top Albums R&B où il grimpa jusqu’à la 58ème place. Il n’a reçu aucune certification et n’a pas été classé dans le reste du monde.
Héritage
Rapidement enterré, 1999 The New Master semble n’avoir été qu’un coup d’éclat pour torpiller la ré-édition de l’originale par Warner. Le sentiment qui en est généralement ressorti est que Prince devenait ridicule avec son combat contre les majors. Prince déclara à l’époque qu’il envisageait de ré-enregistrer l’intégralité de son ancien catalogue ! Ceci pour disposer des droits sur les remasters de ses anciens titres. Il est probable que l’échec de ce single ait condamné ce projet, et quelque part c’est peut être mieux.