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Anvers, Sportpaleis, 18 octobre 2002

Cet article relate mon expérience vécue lors du concert de Prince au Sportpaleis, à Anvers en Belgique, le 18 octobre 2002 dans le cadre de la tournée One Nite Alone.

Contexte

Cinq jours seulement après le concert de Francfort auquel nous avions assisté, nous voila de nouveau repartis pour un show de la tournée One Nite Alone de 2002. Entre ces deux dates, Prince donna des concerts à Rotterdam et à Hambourg. Il est prévu un show à Berlin le 19, soit le lendemain d’Anvers, ce qui laissait peu de chances pour la tenue d’un aftershow. Néanmoins, le show d’Anvers figurait parmi les favoris pour les fans français qui souhaitaient faire un show supplémentaire à celui de Paris prévu le 28 octobre.

Avant le show

Au petit matin du 18 octobre, nous nous retrouvons avec quelques fans avant de partir vers la Belgique. Cette fois nous sommes plus nombreux que pour Francfort puisque nous sommes un convoi de plusieurs voitures à nous diriger vers le Nord par l’autoroute A1. Anvers est plus proche que Francfort, mais plus éloignée que Gand, où nous avions eu l’occasion d’aller en 1995 et en 1998.

Malgré sa réputation de carrefour des diamantaires, la ville d’Anvers est relativement peu accueillante du moins dans le quartier où est situé le Sportpaleis. Située en bordure d’autoroute et dans un environnement peu pittoresque, cette salle de spectacle est de la taille de Bercy. Bien que n’ayant prévu aucun plan, il fut très facile de trouver la salle et c’est vers 13h30 que nous arrivons devant l’entrée.

Sur place nous retrouvons plusieurs groupe de français ayant fait le déplacement, surtout originaires du Nord ce qui est fort compréhensible vu la proximité avec la Belgique. Cette fois le staff du magazine Uptown est présent, et distribue des numéros d’ordre. Je me retrouve avec le numéro 79 ce qui n’est pas si mal. Cependant, nous comprendrons au fil de la journée que ce numéro ne sert qu’à organiser la file d’attente à l’extérieur. La sécurité s’occupant de l’entrée n’est pas du tout briefée et ne tiendra aucun compte de l’ordre des numéros. Cela n’a pas une grande importance car nous serons bien évidemment dans la fosse réservée au membres du NPG Music Club, en assistant au soundcheck.

Laminate du NPG Music Club remis à Francfort

Vers 16h00 les choses commencent à bouger : l’entrée se fait dans le hall et on nous remet un laminate de couleur orangée.

C’est l’occasion de faire un petit tour au stand de merchandising, mais nous constatons que le même contenu très pauvre et déjà vu à Francfort est proposé : quelques t-shirts hors de prix, des casquettes, un tour book, un pendentif de qualité moyenne affiché à 23 euros, un laminate avec les dates de la tournée (affiché à 10 euros), et une petite surprise : le CD single Days Of Wild (3 titres) identique a celui déjà vendu sur le site officiel.

L’attente se fait dans le hall d’entrée de la salle. Tout le monde s’est assis spontanément ce qui est très bien. La sécurité a parfaitement orchestré l’opération. Déjà à l’extérieur nous pouvions entendre des sons sourds de batterie et de basse, mais ce ne sont probablement que les roadies qui testent le matériel fraichement installé. Vers 16h45 les choses commencent a bouger sérieusement. La musique s’intensifie dans la salle et je pense que c’est à ce moment que les musiciens ont dû arriver et prendre leur place. On se disait qu’on en avait plus pour longtemps à attendre, et la suite nous donna raison…

Le soundcheck

Le Sportpaleis vu depuis le ciel

L’entrée au soundcheck se fait à dix sept heures précises. Le Sportpaleis est une salle grande comme Bercy mais un petit plus plus oblongue. Il faut donc traverser tout le long de la salle pour arriver jusque dans la fosse réservée du NPGMC. La foule se disperse en deux pour contourner la barrière de séparation et entrer sur les cotés. Comme à Francfort l’espace est très large et bien qu’il y ait plus de monde, il n’est pas totalement rempli. Nous sommes donc à l’aise et je suis situé très devant, face aux cuivres, à deux mètres à peine du micro de Prince. Le groupe est déjà sur scène, et se chauffe sur un instrumental de The Greatest Romance Ever Sold. A peine arrivé, je lance un vrai cri de joie car Eric Leeds est sur scène en remplacement exceptionnel de Maceo Parker, qui ne pouvait pas assurer ce show, ce qui confirme les rumeurs entendues pendant la journée. Quelle joie de revoir ce saxophoniste légendaire, qui a enregistré sur les plus grands albums de Prince ! Il n’a pas changé, bien qu’une barbe grisonnante trahit maintenant son âge. Cela promet en tous cas une vibe saxo un peu différente par rapport à Francfort.

Prince n’est pas présent sur scène, et nous comprendrons plus tard qu’il était à la console de mixage pour tester le son. Le groupe va ainsi répéter sans Prince pendant environ une heure. On eut droit à différents petits instrumentaux, entrecoupés de pauses prolongées durant lesquelles le groupe discute en vase clos sans trop remarquer notre présence. C’est un peu frustrant car on aurait aimé un peu plus d’échanges. Ils doivent avoir tant de choses à raconter ! Mais sans leur patron, ils ne disent un mot. Toujours cette culture du secret dans l’univers Princier ! Le groupe travaille en instrumental sur quelques surprises comme The Rainbow Children, Something In The Water (Does Not Compute) ou The Question Of U.

Prince rejoint le groupe à dix huit heures précises. Il est habillé d’un pantalon aux motifs « Paisley Park », d’un pull violet et d’un chapeau. Il se positionne d’abord aux claviers, et lance les beats électroniques de Housequake avant de dériver sur d’autres sons. Il semble très en forme et a envie de plaisanter. Sa guitare à la main, il rejoint le micro central et démarre après une longue intro le Santana Medley ce qui nous scotche d’emblée ! La version est époustouflante et produit des solos de folie, et elle durera plus de 12 minutes ! Il enchaine ensuite sur une reprise de Jimi Hendrix, Who Knows (parfaite) puis sur Bambi. La version est beaucoup plus inspirée que celle joué au soundcheck de Francfort ! Waouh… Puis vient la reprise de Led Zepellin, Whole Lotta Love. La chanson est assez peu reconnaissable et le son n’est pas très bon, mais la sauce prend. Prince a fait mine de partir, mais il reste un instant sur scène. Il prend le micro et nous explique qu’il aurait bien aimé faire un aftershow ce soir, mais qu’ils doivent prendre la route pour Berlin ce qui confirme nos prévisions. Il semble également étonné par la taille de la salle encore vide, la plus importante de la tournée. Et là un truc absolument incroyable se produit : presque à l’insu de Prince, Eric Leeds qui s’était assis au synthé de Prince lance l’intro piano de Empty Room… et Prince embraye directement sur la chanson ! J’y crois pas, il va nous la jouer ! Rappelons qu’à cette époque ce morceau inédit sur disque était connu seulement des pirates. La version est superbe et c’est l’occasion de nouveaux solos de guitares – quel set électrique ! On est plus que sur les genoux, mais voila que le groupe enchaine sur une version complète de Something In The Water (Does Not Compute). On savait que ce titre légendaire extrait de l’album 1999 pouvait faire  partie du set list, mais là c’est un rêve qui devient realité !

Prince ne s’arrête toujours pas et démarre une version blues / guitar-heavy de… The One ! Je n’aurais jamais cru que cette chanson pouvait sonner ainsi, d’autant qu’il y incorpore avec bonheur le refrain de Fallin (Alicia Keys). Le groupe fait une pause et Prince ne sort toujours pas de scène. A un moment, les horns lancent le thème de Take Five de Dave Brubeck. Eric indique à Prince que ça fait 20 ans qu’il essaie de la jouer sans y arriver correctement. On voit alors Prince indiquer à Rhonda Smith et John Blackwell comment jouer le morceau, puis il discute avec les cuivres sur comment ils doivent procéder ! Incroyable, la scène a lieu sous nos yeux on assiste à de vraies répétitions ! Ils feront alors plusieurs essais avant d’arriver à un résultat correct. Tout jouasse, Prince reprend le micro et nous dit quelque chose comme « allez, on ne laisse entrer personne d’autre ce soir, on reste juste entre nous » – la fosse se réjouit de cette perspective évidemment utopique. Il attaque à nouveau le beat de The Greatest Romance Ever Sold. Prince chante les couplets, et la fosse chante le refrain – c’est efficace et juste mortel… un sentiment de communion totale nous envahit. Prince quitte la scène après 70 minutes de ce BEFOREshow électrique et inspiré. Rien que cela nous aurait suffit pour la soirée, mais il reste encore le concert principal…

Le show

Pendant l’interlude, DJ Dudley choisit de nous passer de larges extraits du CD It Ain’t Over. La salle ouvre au public qui s’installe doucement pour se compléter seulement vers 20h45. Blackwell arrive alors sur scène et débute un petit solo de batterie. Les autres musiciens s’installent et démarre alors The Rainbow Children. La version semble écourtée et comporte un nouveau passage instrumental, qui devait faire partie des répétitions du jour. Le tout est un peu déconcertant pour le public, mais le second morceau est un Pop Life qui permet de rassurer le public du Sportpaleis.

Avec grande joie, Prince enchaine sur Xenophobia. La version me semble moins groovy qu’à Francfort, mais reste très bonne. Un gars est choisi dans le public et monte sur scène, Prince lui joue un solo de guitare. La suite logique est Money Don’t Matter 2-Night, toujours dans cette très bonne version qui allume le public. Vient le moment de The Work avec la très funky version extended, qui est l’occasion du concours de danse. Prince fait monter quelques filles et garçons sur scène et leur demande de suivre son pas de danse. « On dirait les N-Sync » dira-t-il.

Prince débute Purple Rain au piano avant de la terminer à la guitare. « Je ne voulais pas l’inclure dans le set », dit il, « mais nous l’avons répété pour la Hollande ». Vient ensuite un long 1+1+1 is 3 contenant des éléments de Housequake, Love Rollercoaster et Sex Machine ! Le public voulait du funk… et bien en voila ! Il y a toujours des gens sur scène, et à ce moment là un gars monte en arborant un t-shirt « Paisley Park Vault », un site internet spécialisé dans les bootlegs !

La suite du show diffère sensiblement de celui de Francfort, puisque nous aurons droit ce soir à Strollin, enchaîné avec le segment WNPG vu dans les set list de certains concerts précédents : Gotta Broken Heart Again est revisité dans une superbe version jazzy avec d’excellentes performances vocales, Strange Relationship est l’occasion d’une grosse claque funky avec solo de Rhonda Smith, et When You Were Mine reste un classique bien pêchu.

La suite redevient similaire au show de Francfort avec Sign O The Times, toujours dans cette très bonne version, bien que Prince utilise cette fois sa guitare Blue Angel et non la guitare Symbole. Puis le medley Take Me With U / Raspberry Beret convient à une partie du public pas très fan, et enfin le final sur The Everlasting Now reste bien groové.

Après un break d’environ 10 minutes servant à installer le piano, le retour de Prince s’effectue sur un Delirious inattendu ! Le solo de piano se poursuit ensuite normalement avec Adore puis surprise : I Wanna Be Your Lover et Do Me, Baby !! Vient alors Condition Of The Heart puis Diamonds And Pearls, et il enchaine sur The Beautiful Ones en solo avant de se faire rejoindre par le groupe. Le final est excellent, et conduit à Nothing Compares 2 U puis The Ladder toujours aussi bien. Prince retourne seul au piano pour deux interprétations magnifiques : Sometimes It Snows In April et Starfish And Coffee. Après un nouveau break de quelques minutes Prince revient avec un Days Of Wild très jam, avec solos de Candy et de Eric. C’est l’occasion de faire de nouveau monter un groupe de personnes sur scène, alors cette fois c’est ma chance, j’en profite ! Depuis la scène je fais des signes à quelques amis restés en bas. Le moment est assez irréel, d’autant que le son sur scène est très différent de ce que l’on entend dans la salle. De plus je me surprends à regarder Prince de dos, alors qu’il est à quelques mètres de moi. Nous redescendons dans la fosse une fois le morceau terminé, guidé par les membres de sécurité.

A la fin du morceau, Prince quitte la scène et le show se termine. Il est 23h25, le show a duré 2h45.

L’afterparty

Le lieu de l’afterparty fut annoncé après le soundcheck et après le show. Il fut indiqué que l’accès était réservé aux membres du club uniquement, ce qui laissait sur le carreau nos « guests » potentiels. Mais rien n’empêchait d’aller voir sur place. Après une rapide récupération de nos véhicules et un trajet dans la ville, nous avons trouvé la boite de nuit concernée : Red and Blues, située en plein dans le « quartier rouge » d’Anvers ! Sur place, on trouve à l’extérieur à peine une trentaine de personnes. Nous patientons, en attendant de voir comment les événements vont évoluer. Quelque temps plus tard, des fans qui avaient réussi à entrer parmi les premiers ressortent déjà. C’était clair dès le départ : il n’y aura pas d’aftershow ce soir. L’afterparty ne sera qu’une soirée dansante car le groupe doit partir pour Berlin dans la nuit. Nous décidons alors de quitter l’endroit d’autant que les guests sont finalement autorisés à entrer mais en payant 20 euros. Nous reprenons donc la route de Paris. D’après les informations obtenues ultérieurement, Prince s’est comporté exactement comme a Francfort : il est venu, a passé quelques extraits de son CD live, puis il est parti. Prochaine étape pour moi : Paris !

Musiciens :

Set list :

John Blackwell : batterie
Renato Neto : claviers
Rhonda Smith : basse
Candy Dulfer : saxophone
Greg Boyer : trombone
Eric Leeds : saxophone
NPG soundcheck sans Prince :
The Greatest Romance Ever Sold
Instrumental
The Rainbow Children
Something In The Water Does Not Compute
The Question Of U

Prince rejoint le groupe :
Housequake / Intro
Santana Medley
Who Knows (Jimi Hendrix)
Whole Lotta Love (Led Zeppelin)
Empty Room
Something In The Water Does Not Compute
The Question Of U
The One / Fallin
Take 5 (Dave Brubeck)
The Greatest Romance Ever Sold

Show :
The Rainbow Children
Pop Life
Xenophobia
Money Don’t Matter 2-Night
The Work
Purple Rain
1+1+1=3 / Housequake / Sex Machine / Love Rollercoaster
Strollin’ / U + Me
Gotta Broken Heart Again
Strange Relationship
When You Were Mine
Sign Of The Times
Take Me With You
Raspberry Beret
The Everlasting Now

Piano medley :
Delirious
Adore
I Wanna Be Your Lover
Condition Of The Heart
Diamonds And Pearls

Le groupe rejoint Prince :
The Beautiful Ones
Nothing Compares 2 U
The Ladder
Sometimes It Snows In April
Starfish And Coffee
Days Of Wild

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