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Gand, Flanders Expo, 27 mars 1995

Mon ticket de concert du 27 mars 1995

Cet article relate mon expérience vécue lors du concert de Prince (alors appelé Symbole) au Flanders Expo, à Gand en Belgique, le 27 mars 1995, dans le cadre de la tournée The Ultimate Live Experience.

Contexte

Cette tournée est la première organisée en Europe après le changement de nom de Prince pour un Symbole imprononçable. En 1994 Prince avait livré à la Warner l’album The Gold Experience, mais cette dernière refusait de l’éditer pour des raisons commerciales. Si bien que Prince se lança dans une croisade médiatique en vue d’obliger la Warner à sortir cet album. Dans sa communication, il mentionnait la date de sortie de l’album comme « never » (jamais). Ne sachant pas quand l’album serait édité, Prince assembla avec son groupe les NPG un album intitulé Exodus, qui fut édité chez NPG Records / Edel en Europe, en mars 1995. La tournée The Ultimate Love Experience avait pour but à la fois d’assurer la promotion de cet album (qui n’est jamais sorti aux États-Unis) et en même temps de jouer sur scène les titres de The Gold Experience, afin d’inciter à la Warner à sortir l’album réclamé par les fans.

Cette tournée présentait ainsi uniquement des nouveaux titres de l’ère du Symbole, elle ne comportait aucun morceau de l’époque « Prince », ce qui refroidit bon nombre d’organisateurs de concerts qui craignaient que le public ne suive pas Prince dans ses délires patronymiques. C’est pourquoi cette tournée fut limitée à un petit nombre de pays, dans lesquels Prince possédait une base de fans assez conséquente : la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la Belgique. Des concerts furent envisagés un moment en France, pour un ou deux shows à Bercy, mais le fait est que Prince demandait un cachet trop élevé pour un public incertain, et l’impossibilité pour le tourneur de promouvoir le show avec les hits de Prince puisqu’il n’en jouait plus aucun ! Le cachet demandé était important car sans maison de disques derrière, Prince devait auto-financer ses concerts, la logistique, la scène, et le personnel. Or l’industrie musicale n’était pas encore préparée à ce cas de figure.

L’entrée du Flanders Expo

En l’absence de concert en France, la seule solution pour voir Prince était donc de se rendre dans un pays voisin, et c’est la date du 27 mars 1995 à Gand en Belgique qui fut mon premier choix. Il s’agit d’une distance raisonnable depuis Paris (300 km) et d’un trajet et organisation plus simples que d’aller à Londres ou aux Pays-Bas.

Avant le concert

S’il n’y a pas eu de concert prévu en France, la billeterie France Billet flaira tout de même le bon plan en ouvrant la billetterie aux fans français à travers son réseau de points de vente (à cette époque, il fallait nécessairement acheter son billet en magasins). Pour moi, c’était la première fois que j’achetais des billets en dehors de la FNAC ( si l’on excepte le concert du Zénith de 1986).

Je me décidai à aller en Belgique accompagné d’un ami. Il était prévu d’utiliser sa voiture et j’ai acheté pour lui un billet de concert. Quelques jours avant le show, on s’appelle pour régler les derniers détails et là le couperet tombe : il m’annonce qu’il n’est plus possible pour lui de faire le voyage ! Me voila avec deux billets sur les bras et aucun moyen de transport pour aller au concert. Je décide de passer une annonce sur le 3615 STARS, le Minitel princier de l’époque, et quelques heures après je reçois une réponse d’un certain Cyrille, qui se rendait aussi au show avec le véhicule de ses parents. Et par une chance incroyable, il habite à moins de 10 minutes de chez moi ! On se donne rendez-vous pour le jour J.

Le trajet vers Gand se fait sans problème bien qu’à une vitesse assez modérée vu l’âge avancé de la voiture. Mais le principal est que nous arrivons en milieu d’après midi. Et là, ma mission consiste à essayer de revendre le billet que j’ai en trop. Malgré mes efforts, je n’y parviendrai pas. Entre ceux qui ont déjà leur billet, ceux qui ne parlent que néerlandais (nous sommes en Flandre n’oublions pas), ceux qui ne sont pas intéressés, il n’y a pas moyen de trouver un amateur même en bradant légèrement la place.

Cassette NPG Sampler Experience

Finalement, nous entrerons dans la salle sans avoir pu revendre le billet. Répétant l’expérience de Bercy, nous visons les gradins alors que la foule se dirige essentiellement vers la fosse. Nous réussissons à atteindre le premier rang des gradins de façon assez facile, ce qui n’est pas sans nous surprendre. Il faut dire qu’en Belgique, l’ambiance est assez différente de la France. Les gens ne se bousculent pas, ils ne courent pas (ou peu), ils vont tranquillement chercher des bières au bar et reviennent à leur place sans souci, etc. Et il y a plein de jolies filles. Si bien que je décide d’aller me balader dans la fosse encore clairsemée. Et bien m’en a pris, car en bas sur la gauche de la scène j’aperçois Morris Hayes et Michael Bland qui discutent avec les fans des premiers rangs ! Un peu plus tard, de l’autre côté de la scène, un roadie balance dans la foule des cassettes audio « NPG Sampler » contenant des extraits des productions NPG Records à venir. J’en récupère aussi une pour Cyrille resté dans les gradins. La soirée débute bien.

Le show

Un immense rideau doré cache la scène. Juste devant, un écran vidéo est positionné et diffuse une série de clips vidéos de Madhouse, ou The Family, que souvent nous n’avions vu qu’une fois à peine, ou en qualité médiocre sur des VHS archi-copiées. Cela nous rassure car cela signifie que l’historique de Paisley Park Records est assumé.

Prince en concert à Gand, le 27 mars 1995

L’écran vidéo diffuse à 21h00 pile le clip du Purple Medley, qui annonce le début du concert. La diffusion du clip se termine par une pub pour l’album The Gold Experience, avec une phrase qui fait hurler les fans : « date de sortie : jamais ! ». L’effet recherché est donc atteint sans aucun problème.

La voix de l’Artiste résonne dans le Flanders Expo : « Prince est mort, vive les New Power Generation ! ». Le rideau tombe, et alors la scène se découvre. Le décor doré est sublime et représente, de façon stylisée, les sexes masculins et féminins. L’Artiste fait son apparition dans un nuage de fumée, amené sur scène par un tapis roulant central. Quelle entrée ! Au même moment, les premières notes électriques de Endorphinmachine transpercent les baffles du Flanders Expo. Ce morceau, totalement inconnu pour la grande majorité du public, parvient difficilement à faire lever les foules malgré l’énergie considérable dégagée par l’Artiste.

Le morceau suivant est une reprise de The Jam, un morceau de Larry Graham, jouée dans une version plus funky que celle de l’émission TV The Beautiful Experience. Vient ensuite Shhh, le slow guitaristique magnifiquement interprété et accompagné d’un éclairage sympathique.

Days Of Wild arrive alors et là le public commence sérieusement à s’exciter, et bouger les bras de droite à gauche, comme dans la vidéo. L’Artiste termine le morceau par un mini jam où il empoigne la basse. Nous avions déjà entendu ce titre en live lors du concert du Bataclan, et c’est toujours un plaisir.

On commence à sentir qu’on est pas venus pour rien. Now est encore plus fort que dans la vidéo, une grande partie de la fosse et des gradins sautent en l’air pendant le refrain. A chaque refrain, ça remet ça. Mr Hayes est ensuite mis à l’honneur pour un solo. L’Artiste lui, prend une guitare blues et commence à sortir un son délicieusement jazzy. The Cross ? Pas possible… Blues In C ? peut être… mais non, c’est Johnny qui vient s’insérer merveilleusement après le jam de Now. Le public entame les désormais traditionnels chants « oh oh oh, oh oh-oh » et « NPG in a motherfuckin’ house ».

Nous voici arrivés à The Most Beautiful Girl In The World. L’Artiste chante à la façon du mustang mix et la chanson est ponctuée par deux breaks durant lesquels O(+> fait des pas de deux en compagnie de Mayte.

P. Control, titre encore inconnu du public à l’époque, n’a pas suscité de réaction malgré un jeu de scène assez sexe, avec Mayte en nymphe dentelée dans la cavité au dessus de la partie centrale de la scène.

Le public porte par contre une ovation à Letitgo, un titre datant pourtant de l’époque de « Prince », suivi par un Pink Cashmere moins bien reçu. C’est un peu le moment creux du concert, avec un Get Loose fatigué. Le coeur n’y est pas, et le morceau dénué de véritable hystérie publique, tombe un peu à plat.

Les choses s’arrangent avec la superbe prestation piano de I Love U In Me, qui bénéficie en plus d’un éclairage absolument sublime.

En voyant l’Artiste prendre sa guitare-symbole dorée, on attendait The Ride mais c’est Peach qui sera proposé au public. Il a du sembler judicieux à l’Artiste de ne pas proposer un autre titre peu connu, compte tenu des réactions mitigées du public. La sauce prend bien avec Peach, et l’Artiste fait monter quelques demoiselles sympathiques sur scène, qui dansent comme des folles.

Vient ensuite un autre titre de l’époque « Prince » : 7 introduit par la fameuse danse du sabre de Mayte. La version est sans surprise, mais permet au public de rester chaud.
Logiquement devait venir Race mais au lieu de cela c’est dans une version époustouflante de Get Wild que l’Artiste nous emporte. Un nouveau costume, la basse en bandoulière, un masque sur le visage et un large chapeau blanc sur la tête, l’Artiste encourage le public à sauter en l’air à chaque refrain. Le morceau se transforme en un jam monstrueux. Symbole galvanise son public et demande à chacun de ses musiciens de faire un solo (à chaque fois, le public jumpe allégrement). Une fois que tout le groupe y est passé, l’Artiste se tourne vers le Flanders Expo et TOUT le public (qui n’attendait que ça) se met à sauter encore plus haut dès le signal donné par l’Artiste : « Get wiiiiiiild !! »

Après quelques minutes de break, histoire de changer une nouvelle fois de costume, vient le tour de Gold, interprété avec une grande conviction. Des confettis tombent du ciel au moment du solo de guitare final. Les lumières se rallument, les roadies commencent à démonter le matériel… c’est fini… le concert a duré 1h45.

On a senti l’Artiste assez fatigué (deux aftershows avaient été donnés les deux jours précédents) mais le concert a fourni assez de très bons moments pour ravir le public présent, et en laisser certains abasourdis.

Après le show

Une fois le concert terminé, nous attendons sur place l’annonce d’un éventuel aftershow. Et là, c’est une énorme déception qui nous attend. Car il y aura bien un aftershow, mais il aura lieu… le lendemain soir, à Bruxelles ! Sans s’y être préparé, sans logement, et devant rentrer sur Paris, il nous est impossible de rester sur Gand et d’attendre l’aftershow de Bruxelles. C’est la mort dans l’âme que nous repartons vers Paris.

Musiciens :

Set list :

Michael Bland : batterie
Morris Hayes : claviers
Tommy Barbarella : claviers
Sonny Thompson : basse
Mayté Garcia : danse
Purple Medley (diffusion du clip sur écran vidéo)
Endorphinmachine
The Jam
Shhh
Days Of Wild
Now / Babies Makin’ Babies
Johnny
The Most Beautiful Girl In The World
P. Control
Letitgo
Pink Cashmere
(Lemme See Yo Body Get) Loose !
I Love U In Me
Peach
Get Wild
Gold

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