Newpower Soul est le vingt-cinquième album de Prince. Il est le troisième et dernier album à paraître sous le nom des New Power Generation (après Gold Nigga en 1993 et Exodus en 1995). Il est paru le 30 juin 1998 chez NPG Records / BMG.
Genèse
Après deux triple albums (Emancipation, fin 1996, et Crystal Ball, début 1998) il semblait nécessaire de marquer une pause dans le rythme effréné des sorties de disques. Mais cela était sans connaître Prince et sa phénoménale productivité. Durant l’année 1998, il travaille avec ses deux mentors, Larry Graham et Chaka Khan, et produit l’équivalent d’un nouveau triple album qui se concrétisera dans la seconde partie de l’année avec le Newpower Pak, qui n’est pas réellement un coffret de 3 CD mais le regroupement de trois albums simples enregistrés dans des sessions communes et avec globalement les mêmes musiciens et participants. Chacun des albums est mis en vente dans le commerce de façon séparée. Newpower Soul est le premier d’entre eux, paru dès le 30 juin 1998 chez NPG Records en partenariat avec BMG. Viendront ensuite Come 2 My House de Chaka Khan, en septembre 1998, et GCS2000 de Larry Graham, le 2 février 1999.
Ce nouveau partenariat est construit de la même façon que pour le deal avec EMI pour Emancipation, à savoir un contrat de « production et distribution », Prince livrant l’album clef en main à la maison de disques, qui en assure le marketing et la distribution dans son réseau commercial.
Pour éviter une trop importante sur-exposition du « Symbole », l’album Newpower Soul est attribué aux New Power Generation, bien que le personnel ait presque totalement changé depuis Exodus paru en 1995. Michael B et Sonny T ont été remplacés respectivement par Kirk Johnson et Rhonda Smith. Parmi les nouveaux arrivants figurent aussi Kat Dyson, Mike Scott, et Marva King. Seul Morris Hayes de l’équipe précédente est encore présent sur ce disque.
D’autre part l’album parait à un moment où Prince est sur la route, en tournée avec ses musiciens, et d’une certaine manière le disque est présenté comme un effort collectif, bien que ce ne soit pas réellement le cas.
Contrairement aux deux albums précédents des NPG, où Tony M et Sonny T assuraient les voix principales tandis que Prince participait de façon cachée ou sous le pseudonyme de « Tora Tora », Prince apparaît ici de façon totalement ouverte et c’est même sa seule photo qui est présente sur la pochette frontale du disque.
Enregistrements
Les détails des sessions de l’album ne sont pas connus, cependant la période de conception du disque se situe entre mai 1997 et février 1998. Bien que crédité aux New Power Generation, l’album reste essentiellement un produit de Prince seul, même si la plupart des titres sont créés dans un esprit « groupe ». La période d’enregistrement de l’album correspond aux concerts de la tournée Jam Of The Year, suivie du Newpower Soul Festival.
Éditions
L’album est paru en CD et en cassette. Les variantes des différents pays ne présentent pas de différence significative.
- Newpower Soul (5:00)
- Mad Sex (5:12)
- Until U’re In My Arms Again (4:47)
- When U Love Somebody (5:56)
- Shoo-Bed-Ooh (3:23)
- Push It Up (5:28)
- Freaks On This Side (5:42)
- Come On (5:59)
- The One (7:04)
- (Eye Like) Funky Music (4:31)
- Wasted Kisses (2:58)
Singles

Le premier titre paru en avance de phase de l’album fut The One, accompagné d’un clip somptueux réalisé par Mayte. Ce titre n’est paru toutefois qu’en single promotionnel (et uniquement en CD) dans quatre régions : Europe, USA, Brésil et Mexico. Une version edit de 4:33 est proposé sur ces CD. Chaque édition comporte toutefois ses spécificités. La variante brésilienne liste la version edit et la version de l’album sur la pochette, mais c’est par erreur le titre Mad Sex qui a été pressé sur le disque ! De plus la pochette présente l’album comme un disque de et non comme New Power Generation. Cela vaut à ce disque un statut de collector, assez recherché.

L’album n’a donné lieu qu’à un seul single commercial, Come On. Néanmoins ce titre n’a eu qu’un succès limité et ses variantes comportent beaucoup de spécificités.
Aux États-Unis, le titre est édité en maxi-CD de 7 titres comportant les 6 remixes de Come On et un remix de The One d’une durée de 7:09. Sa déclinaison en maxi vinyle distribuée par BMG ne comporte qu’une version 6:01 répétée sur les deux faces. En revanche, il existe une variante distribuée uniquement via le site 1-800-NEW-FUNK qui comporte les 6 remixes et en septième piste une version remix edit de The One, d’une durée de 2:11 qui est spécifique à cette édition.

Track listing du CD single de Come On pressage USA :
- Come On (Doug E. Fresh Mix) 5:02
- Come On (Remix) 8:16
- Come On (Album Edit) 4:30
- Come On (Hypermix) 7:56
- Come On (Latenitemix) 4:09
- Come On (Acapella) 3:26
- The One (Remix) 7:09
En Europe, le maxi-CD ne comporte que trois pistes : album edit, remix et latenitemix. Une rare variante en cassette-single est parue sur le marché UK, elle ne comporte que deux versions : radio edit et latenitemix. Un maxi-single vinyle est pressé en hollande et reprend la pochette en grand format du CD-single américain. Ce vinyle contient les 6 remixes du CD-single américain. Enfin, le CD promo européen de Come On comporte une unique version : album edit.

Analyse
L’album Newpower Soul est le premier disque simple de Prince/ qui arrive après deux coffrets multi disques : Emancipation (1996) et Crystal Ball (1998). Pour autant, il est aussi la première partie d’un triptyque constitué avec les albums de Chaka Khan, Come 2 My House, et de Larry Graham, GCS2000, qui paraitront avec quelques mois de décalage.
Le titre de l’album fait évidemment référence à des productions antérieures de Prince, puisque le terme « New Power Soul » était apparu avec l’album Lovesexy, et qu’un morceau avec ce titre était présent déjà sur l’album Exodus des New Power Generation.
Bien que présenté comme une œuvre collective, avec le groupe accompagnant Prince à cette époque et constitué de Kirk Johnson, Morris Hayes, Rhonda Smith, Mike Scott, et Marva King, l’essentiel du disque est une réalisation solo de Prince.
En surface, et à l’instar des deux précédents albums des NPG, cet album est résolument tourné vers la fête, le funk et le R&B. Plus en profondeur, on peut toutefois déceler que l’album a été enregistré dans une période trouble, un peu comme ce fut le cas pour le Black Album en son temps. Ce disque est le fruit d’une inspiration issue des tournées Jam Of The Year et Newpower Soul des années 1997/98 et qui ont été lancées après que Emancipation soit sorti, et après le drame de la perte du fils de Prince et Mayte fin 1996. Tout comme pour The Truth, on peut ressentir sur ce disque une sorte de mal être persistant sous la surface festive et faussement enjouée.
Le morceau-titre, en ouverture de l’album, contient des éléments du titre Big Fun toujours issu de l’album Exodus, ainsi que la phrase « get freaky, let ur head bob ». Sinon le titre propose une sorte de collage de beats, de riffs cuivrés, de guitares, et de voix, un peu comme dans Alphabet St.
Mad Sex est un mid tempo funky qui rappelle un peu dans l’esprit le titre Sexy MF, en plus électronique. Doté d’une trompette malicieuse et d’un riff au piano, le groove est bon. When U Love Somebody est aussi un titre brillant et évident, évoluant vers une structure instrumentale plus triturée. Until U’re In My Arms Again est une balade Soul sympathique et, dans la tradition, un peu larmoyante. Certains auditeurs ont estimé que le titre évoquait la perte de l’enfant de Prince et Mayte, ce qui est effectivement possible aux vues des paroles, mais au premier degré elles peuvent convenir aussi à un amour perdu que l’on souhaite retrouver.
Shoo-Bed-Ooh, Push It Up (qui réutilise la phrase « ooh everybody’s here, this is the jam of the year » issue de l’album Emancipation), Freaks On This Side et Come On sont des mid-tempo funky un peu typés « old school 80’s » ce qui n’était pas vraiment à la mode à l’époque. Du coup Prince est pour la première fois paru vieillot et scotché sur un vieux son, ce qui ne colle pas à son image d’innovateur et d’expérimentation musicale.
Individuellement, ces morceaux sont des jams funk appréciables mais sans grand relief. On grincera des dents sur le refrain de Shoo-Bed-Ooh, on se fatiguera un peu vite du beat lancinant de Come On, on appréciera comme on peut la prestation de Doug E Fresh sur Push It Up, et on se lancera tout de même emporter par le groove de Freaks On This Side malgré le sample de la foule hurlante un peu trop au dessus du mix. (Eye Like) Funky Music est aussi un autre morceau funk, plus rapide à la façon des titres de Camille.
Les autres titres de l’album sont plus singuliers. On trouve le somptueux The One, longue ballade romantique que l’on peut analyser comme une nouvelle déclaration d’amour adressée à Mayte. On retrouve l’orchestre de Clare Fischer sur ce titre, mais on se sait pas si c’est une composition faite pour ce titre particulièrement ou un passage musical que Prince a réutilisé depuis son stock.
Enfin, Wasted Kisses est un titre de nature inédite chez Prince, et qui sonne comme une vengeance froide, avec l’ambiance accentuée par le bruit d’une sirène d’ambulance puis d’un électrocardiogramme qui bippe, et devient linéaire… bref, un morceau qui fait un peu froid dans le dos, répétant à l’envi « pourquoi ai-je donc gâché mes baisers avec toi ? ». Le titre est d’ailleurs une piste « cachée », qui n’est pas indiquée sur la pochette du disque et se situe en position 49 dans les pistes, après toute une série de pistes silencieuses de 5 secondes chacunes (11 à 48).
Globalement, Newpower Soul propose une collection de titres sympathiques pour les aficionados de Prince, mais qui aura du mal à convaincre au delà de l’auditoire traditionnel de l’artiste.
Critiques
Peu étudié dans les médias, Newpower Soul a reçu des critiques essentiellement négatives. All Music par exemple lui accorde une note de seulement 2/5. Les principaux griefs relevés par les critiques sont que malgré un son plutôt cohérent et entrainant, aucun titre ne surnage réellement musicalement. Sorti seulement quatre mois après le triple CD Crystal Ball, Newpower Soul donne le sentiment d’un album enregistré très vite, et que Prince a voulu sortir immédiatement.
Performances commerciales
Malgré la réception molle des critiques, Newpower Soul a plutôt bien fonctionné aux États-Unis où il atteint la 22ème place du Billboard 200, et la 9ème place du top R&B. Il fut également classé en Allemagne (n°34), en Grande-Bretagne (n°38) et en France (n°45). Les ventes sont cependant restées faibles en volume, l’album n’étant certifié dans aucun pays. Les ventes au niveau mondial seraient de l’ordre de 425 000 unités.
Héritage
Newpower Soul a bénéficié du soutien de l’intense tournée Jam Of The Year venue à la suite d’Emancipation, et qui s’est muée en Newpower Soul Tour/Festival début 1998. Pour autant, assez peu de titres de ce disque seront joués en concert. Seuls Come On et surtout The One seront régulièrement proposés dans les tournées ultérieures.