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Gold Nigga est le seizième album de Prince (le quinzième dans l’ordre de parution, depuis l’annulation du Black Album). Il est le premier disque à être crédité uniquement aux New Power Generation. Il est aussi le premier disque de Prince à être édité de façon indépendante, et à paraître sur le label NPG Records, en dehors de Warner Bros. Il est apparu pour la première fois sur les stands de merchandising lors du concert de la tournée Act II, à Paris, le 31 août 1993. Par la suite, il a été vendu dans les magasins NPG Stores et par correspondance au 1-800-NEW-FUNK. Cet album n’a jamais reçu de distribution dans les magasins traditionnels.

Genèse

L’origine de l’album Gold Nigga puise sa source dans une série d’enregistrements effectués par le groupe New Power Generation avec Tony Mosley en chanteur principal. Un titre intitulé Call The Law et enregistré fin 1991 était déjà disponible et avait été édité sur des maxi-singles issus de l’album Diamonds And Pearls.

Au départ le disque a été envisagé comme un concept séparé de la discographie de Prince, à l’instar des précédentes productions annexes comme The Time ou Mazarati, avec la particularité qu’il s’agit cette fois du groupe même de Prince et non d’un groupe différent.

Le fait de sortir un album sous le nom des New Power Generation aurait permis de marquer une pause dans le rythme effréné des sorties discographiques de Prince, et de ressusciter un projet axé sur le funk et le R&B, auxquels s’adjoint désormais le hip-hop.

Tony Mosley en charmante compagnie, sur la pochette intérieure de l’album Gold Nigga

Finalisé au printemps 1993, le disque est présenté à Warner qui le rejette presque immédiatement. Les raisons de ce rejet peuvent s’imaginer ainsi : tout d’abord, bien que le disque soit estampillé « New Power Generation », il est évident qu’il s’agit d’un album où Prince est considérablement impliqué. La parenté musicale avec les deux albums précédents ne fait aucun doute. Cela ne vient donc pas réduire le volume de musique délivré par Prince depuis deux ans, et ce même si Tony Mosley est le chanteur principal. D’autre part, le fait d’attribuer l’album à « New Power Generation » est contre-productif : les acheteurs potentiels ne savent pas si Prince est présent dessus ou non, et à quel niveau. Les volumes de vente risquaient d’être limités. La seconde raison est qu’à cette époque, Warner vient juste de sortir du fiasco de l’album de Carmen Electra. Écrit et produit par Paisley Park Records, cet album a été voulu comme une sortie majeure et plus de $2 millions ont été investis rien que dans la promotion du disque (50% par Paisley Park et 50% par Warner). Or le disque a été constamment reporté, et quand il est paru début 1993 les critiques ont été désastreuses et l’album fut un cuisant échec commercial. Enfin, la troisième raison est qu’à cette époque Warner est en préparation intense du coffret The Hits / The B-Sides, la première compilation rétrospective de Prince, prévu pour sortir en septembre 1993, et il était clair qu’ils ne voulaient pas voir un nouvel album de Prince ou de NPG interférer dans le plan marketing d’une si grosse sortie.

Bien que le calendrier des événements soit difficile à établir, il est possible que la décision de Warner de rejeter l’album ait influencé Prince dans son orientation de carrière. Le 27 avril 1993, il annonce dans un communiqué qu’il « quitte l’industrie du disque » et se concentre désormais sur des projets annexes, comme le théâtre. Il annonce également qu’il ne fournira plus de nouvelle musique à Warner, et qu’il honorera le reste de son contrat en puisant dans sa bibliothèque de 500 morceaux inédits. Le 7 juin 1993, jour de ses 35 ans, Prince annonce qu’il prend pour nom un Symbole imprononçable, et qu’il éditera désormais sa musique sur un nouveau label : NPG Records.

Durant l’été 1993, Prince prend contact avec une entreprise canadienne (DISQUE-AMERIC) et commande la production de quelques milliers d’exemplaires de l’album Gold Nigga en CD. Le fait de faire presser les disques au Canada, où la réglementation est plus souple, lui permettait de s’affranchir des contraintes légales aux États-Unis vis à vis de son contrat avec Warner. D’autre part, si cela tournait mal avec Warner, il était toujours possible de prétendre que le disque est un « bootleg » qui aurait échappé à Paisley Park.

Il semble que le disque ait été mis en production à l’insu même des membres du groupe, qui n’ont découvert sa livraison finale qu’au moment de sa sortie. Quelques titres étaient toutefois joués en concerts dès la tournée américaine Act I du printemps 1993, et le CD fut parfois joué durant l’attente avant les concerts. Le disque est apparu pour la première fois lors du premier des deux concerts donné par Prince à Paris, dans le cadre de la tournée Act II. L’album, ainsi que le single 2gether, étaient disponibles aux stands de merchandising. Beaucoup de fans ont hésité à l’acheter sur le moment, pensant qu’il s’agissait d’un disque pirate. Sa pochette ne comportait ni le logo Warner ni Paisley Park, ni même encore NPG Records dont la mention ne figure que sur l’intérieur de la pochette. Rapidement épuisé sur les dates suivantes de la tournée, il est devenu immédiatement un collector très recherché, changeant de main pour plus de $100. C’est pourquoi une nouvelle série de pressage a été commandée, pour être distribué via les NPG Stores et la hotline 1-800-NEW-FUNK mis en place à cette époque.

Gold Nigga est ainsi le premier album de Prince à ne pas avoir bénéficié d’une sortie mondiale, restant cantonné à une méthode de distribution indépendante.

Enregistrement

Le cœur de l’album Gold Nigga a été créé en Australie, aux Studios 301 de Sydney, alors que Prince était sur place dans le cadre de la tournée Diamonds And Pearls : Goldnigga (morceau en 3 parties), Deuce And A Quarter, et Goldie’s Parade, ont été produites à ce stade. Les enregistrements suivants ont eu lieu à Paisley Park après la fin de la tournée, tout au long de l’année 1992. A cela se sont ajoutés les titres Call The Law et Johnny enregistrés en 1991. Le dernier morceau enregistré pour l’album est 2gether, intégrée en dernière minute à l’album en mai-juin 1993.

 

Éditions

L’album Gold Nigga a été édité uniquement en CD. Il en existe deux versions distinctes par le nombre de pistes : l’édition originale comportait 16 pistes dont le titre Guess Who’s Knockin’. Quand un second pressage fut commandé, pour distribution dans les NPG Stores, ce morceau a été supprimé et l’album ne comportait plus que 15 pistes. La raison de la suppression de ce titre est qu’il comportait un sample non crédité du morceau Let’Em Win des Wings, et écrit par Paul McCartney.

CD de Gold Nigga – pressage 16 titres américain fabriqué par CINRAM

Les versions 16 pistes sont donc les plus rares. Le pressage canadien (fabriqué par DISQUE-AMERIC) est le tout premier pressage, celui qui a été distribué aux concerts parisiens. Conjointement, un pressage américain fabriqué par CINRAM a également été disponible dans les magasins NPG Stores et sur 1-800-NEW-FUNK. La version 15 pistes est, elle, fabriquée par Zomax Optical. Il est possible d’identifier l’usine de fabrication en étudiant le rond central du CD sur lequel les informations sont gravées.

Toutes les autres éditions de cet album, notamment les pressages vendus en pochette cartonnée, ceux comportant 21 titres (en intégrant les remixes du single 2gether), ou les pressages vinyles, sont des éditions pirates. La rareté du disque a en effet donné lieu à de nombreuses diffusions illégales du disque.

Édition 16 titres

  1. Goldnigga Pt. 1 (3:11)
  2. Guess Who’s Knockin’ (3:24)
  3. Oilcan (0:42)
  4. Segue (0:15)
  5. Deuce & A Quarter (3:18)
  6. Segue (0:21)
  7. Black M.F. In The House (5:08)
  8. Goldnigga Pt. 2 (2:51)
  9. Goldie’s Parade (2:22)
  10. Segue (0:35)
  11. 2gether (5:31)
  12. Segue (0:45)
  13. Call The Law (4:16)
  14. Johnny (10:19)
  15. Segue (1:13)
  16. Goldnigga Pt. 3 (2:37)

 

Édition 15 titres

  1. Goldnigga Pt. 1 (3:11)
  2. Oilcan (0:42)
  3. Segue (0:15)
  4. Deuce & A Quarter (3:18)
  5. Segue (0:21)
  6. Black M.F. In The House (5:08)
  7. Goldnigga Pt. 2 (2:51)
  8. Goldie’s Parade (2:22)
  9. Segue (0:35)
  10. 2gether (5:31)
  11. Segue (0:45)
  12. Call The Law (4:16)
  13. Johnny (10:19)
  14. Segue (1:13)
  15. Goldnigga Pt. 3 (2:37)

 

Singles

Pochette du CD single 2gether

L’album a produit un seul single, 2gether, édité en CD et en cassette single. Le single est encore plus rare que l’album, car il n’a été vendu que sur les stands de merchandising des concerts de la tournée Act II, ainsi que dans les magasins NPG Stores de Minneapolis et de Londres. Il contient 6 pistes dont 4 sont des remixes de la chanson originale, 1 une interview.

L’édition originale est fabriquée, comme l’album, par DISQUE-AMERIC au Canada et fut celle disponible lors des concerts. Une autre édition identique, fabriquée par CINRAM aux États-Unis, a été distribuée dans les NPG Stores de Minneapolis et de Londres.

L’édition cassette single du titre 2gether, encore plus rare que le CD !

CD maxi-single / Cassette maxi-single

  1. AlbumMIX (5:35)
  2. 12inchMIX (6:53)
  3. INTERview (4:22)
  4. ENlightenment (5:19)
  5. jEEpMIX (5:35)
  6. INSTRUmental (5:40)

 

Analyse

Les spectateurs du concert parisien de la tournée Act II, le 31 août 1993, furent surpris de trouver au stand de merchandising un CD inédit, l’album Gold Nigga des New Power Generation. Aucune information ne permettait de dire d’où provenait cet album, qui n’avait pas été annoncé précédemment et dont il s’agissait de la première apparition. L’examen de la pochette laissait perplexe. Certes on y voyait le groupe New Power Generation, mais pas Prince. Il n’y avait aucune mention de Warner sur la pochette, et on s’interrogeait depuis que Prince avait annoncé qu’il ne fournirait plus de nouvelle musique à sa maison de disques. Il pouvait s’agir aussi d’un disque du groupe NPG enregistré avant qu’ils ne soient avec Prince et dont on avait jamais entendu parler. Certains fans, les plus curieux, se sont jetés sur le disque tandis que d’autres, sceptiques, l’ont laissé de côté. Ensuite la rumeur s’est très vite répandue : dès le lendemain, les premiers auditeurs avaient confirmé qu’il s’agissait bien d’un disque légitime avec des titres inédits, et les fans se sont rués dessus lors du concert du second soir, le 1er septembre 1993. Les CD étaient encore disponibles pour le concert suivant, à Lunebourg en Allemagne, puis ce fut tout. Pour se procurer le disque, il fallut ensuite se rendre dans les magasins NPG Stores de Minneapolis ou de Londres, ou le commander par correspondance auprès du 1-800-NEW-FUNK.

Que découvre-t-on en écoutant le disque ? L’auditeur n’est pas dépaysé, on y retrouve la section rythmique efficace de Michael B à la batterie, associé à la basse ronflante de Sonny T, l’orgue de Morris Hayes, les synthés et samples de Tommy Barbarella, et le jeu de guitare d’inspiration Stax de Levi Seacer Jr. A cela s’ajoute la section des 5 cuivres entendue sur l’album Love Symbol et la tournée Diamonds And Pearls. Et bien sûr Tony Mosley, qui prend la voix principale. Prince, lui, est présent partout bien qu’il ne soit pas crédité sur la pochette de l’album. On l’entend distinctement dans les chœurs ou les passages parlés, et même en duo sur Black M.F. In The House et Johnny.

Proposant un jazz-funk inspiré, et une instrumentation riche, Gold Nigga n’est desservi que par la voix rauque et suave de Tony Mosley, qui peine à ressembler aux « bad boys » du hip-hop du début des années 1990. Son style relève davantage du funk que du rap, son débit n’étant pas très rapide. L’album combine la richesse d’un son live avec le hip-hop, ce qui est assez inédit. Lorsque les samples sont utilisés, c’est en complément du live et non comme base aux morceaux. La plupart des morceaux sont groovy et bien réalisés, et on ne trouve aucune ballade ni morceau mettant en avant la guitare, à l’exception de Call The Law.

Le groupe New Power Generation pose devant la fameuse Buick Electra 225 dont il est question dans l’album.

Conçu par un groupe presque exclusivement masculin, Gold Nigga partage un esprit de fête de potache, teinté de machisme. On parle aussi de bagnoles, comme dans Deuce And A Quarter qui fait référence à une vieille Buick Electra (surnommée « 225 », soit « deux un quart »). Comme souvent dans les codes standards du rap, les femmes sont peu considérées, reléguées à des objets de désir, et délivrant des soupirs sirupeux.

Malgré tout, l’humour sexy et corrosif distillé par les NPG prête à sourire et rappelle celui entendu sur l’album des Vanity 6 par exemple, et on se dit que c’est tout de même dans ce registre que Prince est vraiment lui-même. Johnny, par exemple, fait référence au pénis : « Johnny porte un chapeau car il n’a pas confiance dans les pilules » entend-on, et plus tard « tu as du latex ? ». Bref, ce n’est pas très fin mais tout de même amusant.

Au delà de l’aspect musical, la portée de cet album est assez considérable dans la discographie princière. Première tentative d’une distribution en dehors du contrat avec Warner, il ouvre la voie à la concrétisation du label NPG Records et à la diffusion de musique sous de nouvelles formes.


Critiques

L’album n’ayant pas bénéficié d’une sortie commerciale, et sa diffusion restant confidentielle, il pas donné lieu à de critique dans la presse spécialisée au moment de sa sortie. L’album fut modérément apprécié par les fans au début, d’autant que l’omniprésence de Tony Mosley ne fut pas toujours bien accueillie. Pour autant, avec les années, le disque a bien vieilli et apporte un complément agréable aux productions contemporaines plus commerciales.

Performances commerciales

De la même manière, l’absence d’un réel canal de distribution pour cet album ne permet pas de comptabiliser les ventes. On ne connait pas non plus le nombre total d’exemplaires fabriqués en édition 16 pistes ou 15 pistes. A priori, cela se compte en quelques milliers seulement. En tout cas, le disque est considéré comme « épuisé » ce qui en fit le premier album de Prince définitivement « sold-out ». Les exemplaires originaux de Gold Nigga s’échangent sur le marché du disque de collection, à des tarifs encore élevés dans les années 2000 et au delà.

 

Héritage

Prince a défendu cet album en concert, en intégrant plusieurs de ses titres dans les tournées Act I (Etats-Unis), et dans une moindre mesure Act II (Europe) de l’année 1993. Ensuite l’album fut rapidement oublié et plus aucun titre ne fut joué au bout de quelques années.

Informations

Label : NPG Records
Date de sortie US : septembre 1993
Date de sortie Europe : 31 août 1993
Durée : 46mn48
Formats de sortie : CD

Les singles

2gether

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