Cet article relate mon expérience vécue lors de la performance de Prince lors de l’émission Nulle Part Ailleurs, sur Canal+ le 17 novembre 1999.
Cet événement a lieu à la suite du concert surprise donné au Bataclan la veille au soir.
Avant le show
La prestation ayant été annoncée la semaine précédente, il fut assez aisé de récupérer des places auprès de la société de production en charge du public. Semble t’il qu’à cette époque, la foule ne se précipitait pas pour voir Prince !
L’entrée dans les studios de Canal+ est un processus particulièrement long : vérification des identités, vestiaire, dépôt des téléphones portables, signature du droit à l’image, etc. Puis une longue attente avant d’entrer sur le plateau. Nous étions dans les premiers, et nous nous glissons à proximité de la scène où se trouvent les instruments, tout au fond. Nous sommes dans les premiers rangs, aux premières loges.
Le chauffeur de salle fait son entrée, et nous explique le déroulement de l’émission. C’est alors qu’il nous est annoncé qu’à la fin de l’émission, seront enregistrés les journaux de Groland pour toute la semaine ! Et qu’il faudra donc rester sur place, ce qui ne nous arrange pas vu que nous devons filer ensuite à La Plaine Saint-Denis pour assister à l’enregistrement de Hit Machine.
A cette époque, l’émission Nulle Part Ailleurs se déroule en deux parties. Il est prévu deux apparitions de Prince : une dans la première partie, l’autre dans la seconde avec l’animateur Nagui. On nous informe à ce moment là qu’il n’est pas prévu d’interview.
Le public était constitué majoritairement de fans de l’Artiste, mais il y avait aussi quelques footeux du fait de la présence de Christophe Dugarry.
Première performance
Le moins que l’on puisse dire est que l’excitation fut bien moindre que lors de la première apparition de Prince dans cette émission en 1994. L’émission se déroula tout à fait normalement, avec ses rubriques et ses sujets d’actualité, et la présence de Prince ne fut mentionnée que quelques fois, ce qui incita le public à applaudir et crier très fortement à ce moment là. Finalement Prince est annoncé et vient jouer le morceau Baby Knows, ce qui ne nous a pas vraiment étonné. A la fin de sa prestation, très classique, nous restons en attente de la seconde partie mais le contraste nous semblait saisissant par rapport à l’aftershow la veille où nous avions vu un Prince bien plus détendu et libre.
Seconde performance
Le second passage a été bien plus sensationnel : quand Prince a commencé à jouer, il s’agissait de l’intro de The Greatest Romance Ever Sold, et les fans ont applaudi poliment mais regrettant déjà un choix aussi banal. Puis subitement tout s’arrête après quelques mesures et l’Artiste déclare « je me sens comme Prince ce soir ! », il empoigne sa guitare et démarre un jam sur Alphabet St ! Stupeur, cris de joie, et délire total dans la salle. A l’intérieur du studio, on commence à sentir que quelque chose de grand va se passer.
C’est alors que l’Artiste demande à ses fans de descendre danser devant lui. Nous nous précipitons, mais les vigiles stationnés devant nous, qui n’avaient pas entendu ou pas compris l’ordre de Prince, nous empêchent de descendre. C’est alors que nous voyons les fans qui étaient situés de l’autre côté de la salle traverser tout le plateau en courant et rejoindre Prince. Dans le même temps, Larry Graham s’époumone pour expliquer aux agents de sécurité qu’il faut laisser venir les fans. Un petit groupe parvient à se mettre tout autour de Prince et à sauter en répétant « everyday, everyday ! ». Le plateau est totalement envahi par le public, les caméraman et la régie sont débordés, mais les vigiles reprennent le dessus et demandent aux fans de retourner à leur place. Le morceau se termine par un jam sur lequel nous entonnons le refrain « NPG in a motherfuckin’ house », repris ensuite par l’Artiste après avoir regardé dans notre direction et constaté avec amusement notre bonne humeur, même s’il ne voulait pas prononcer le mot « motherfuckin » (ce qui ne se fait pas à la TV U.S.) mais ça on s’en fichait !
Après le show
Il nous fallut attendre la fin de l’émission pour envisager de sortir. Notre convocation pour l’enregistrement de l’émission Hit Machine était à 20h ! Il ne fallait donc pas trainer, mais nous pouvions être dans les temps. Cela était sans compter sur l’organisation de Canal+. Ce jour là étaient enregistrés aussi les émissions du journal de Groland avec Jules-Edouard Moustic. L’ensemble de la semaine est enregistré en une seule fois, et malgré les consignes de ne pas faire trop de bruit nous prenions un malin plaisir à hurler et aboyer au fil des enregistrements.
L’enregistrement se termine vers 21 heures. Le temps de sortir, de récupérer la voiture, et de nous rendre à La Plaine St Denis, cela semblait raté pour l’enregistrement de Hit Machine, mais nous décidons d’y aller tout de même.