Cet article relate mon expérience vécue lors du concert de Prince au Bataclan à Paris, le 16 novembre 1999, dans le cadre de la tournée de promotion de l’album Rave Un2 The Joy Fantastic.
Contexte
La sortie de l’album Rave Un2 The Joy Fantastic fut l’occasion pour Prince de donner une série de concerts intimistes en Europe au mois de novembre 1999, accouplée à toute une série de prestations TV en direct ou pré-enregistrées.
Prince avait donné un concert surprise à Londres le 15 novembre, essentiellement pour l’industrie discographique et les journalistes. Sa venue en France était annoncée pour le 17 novembre à l’émission Nulle Part Ailleurs (comme en 1994) et il faisait peu de doute sur le fait qu’il donnerait un concert surprise aussi à Paris. Le Bataclan fut le lieu privilégié pour cela, ayant accueilli Prince à la dernière minute lors de sa prestation en 1994.
Avant le show : Tout Lara Fabian
Nous savions que Prince serait à Paris dès le 16 novembre car il devait enregistrer une prestation TV dans le show Tout Lara Fabian, avec Jean-Pierre Foucault. Initialement, cette prestation devait être enregistrée pendant la répétition générale et sans public dans la salle. Prince avait demandé à ce que son matériel fut installé, de manière à répéter aussi pour le show du même soir au Bataclan. Cela a causé quelques désordres dans l’organisation de l’émission, et le public dû patienter un long moment avant d’entrer dans la salle. Une fois les répétitions terminées le show débuta avec l’enregistrement de la prestation de Prince, de manière à le laisser partir ensuite avec son matériel. Prince enregistra The Greatest Romance Ever Sold vers 20h30 ainsi que l’interview avec Lara Fabian. Le public était alors présent dans la salle, et les places pour ce type de show étant réservées très longtemps à l’avance, il était quasiment impossible pour les fans d’y assister à la dernière minute. Le titre a été joué en play-back excepté pour la voix de Prince. La prestation a été diffusée le 26 novembre 1999 sur TF1.
Dès 18 heures le même jour, plusieurs radios (RTL2, Europe 2, ou Oui FM) avaient annoncé qu’un concert surprise serait donné ce soir là par l’Artiste. La première rumeur parlait du VIP Room, un bar très sélect des Champs-Elysées. Mais c’est finalement au Bataclan que l’événement a été programmé. Le présentateur Nagui l’a également annoncé sur Canal+ vers 20h25.
Sur place dès 20h40, je me joins à la file d’attente qui grandit et grossit à grande vitesse. Le concert a été annoncé pour minuit, mais il est évident qu’il n’aura lieu que bien plus tard. Le camion avec le matériel est en effet arrivé vers 23h00, alors que les spectateurs du spectacle de John Paul Jones prévus ce soir là sortaient de la salle, en nous regardant hébétés en train de faire la queue !
L’organisation mise en place par l’équipe du Bataclan fut simplement désastreuse. Alors que la file d’attente principale se déroulait vers la droite en longeant le mur, au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles personnes plusieurs autres files d’attente ont fini par se créer autour de la minuscule porte où a commencé vers minuit la vente des billets. Les vigiles étaient littéralement débordés par la foule, et essayaient de maintenir tant bien que mal l’accès à la billetterie. Dans la foule, la pression était insupportable et plusieurs personnes ont souffert de malaises. Certains ont même été blessés, comprimés contre un mur ou une barrière métallique. Les esprits ont commencé à s’échauffer et des insultes pleuvaient de toutes parts. Les billets étaient à l’origine limités à deux par personne, mais il était possible à l’occasion d’en prendre trois ou quatre, la caissière n’en ayant manifestement rien à cirer. Résultat : plusieurs personnes ont fini par abandonner avant d’arriver à la caisse ! Finalement, la salle n’était même pas remplie complètement.
A noter que le tarif du show, initialement fixé à 120 FF, a finalement grimpé à 170 FF !
Le show
Une fois dans la salle, nous patientons au son de l’album Rave Un2 The Joy Fantastic qui passe en boucle. Les roadies entreprennent de terminer le montage des instruments. On se rend compte alors qu’il y a un sacré retard, et que le show n’est pas prêt de commencer en raison de problèmes électriques. De nombreuses fois, il y eut un court circuit et les plombs ont sauté ! Le lecteur CD devait être branché sur le même circuit car à chaque fois le disque redémarrait au début ! A un tel point qu’on était saturé d’entendre sans arrêt les mêmes morceaux. A plus de trois heures du matin, le show n’avait pas encore commencé. C’est alors que Prince arriva, la salle encore entièrement allumée et tous les roadies présents. Il débarque aussi simplement que possible, serre les mains des fans dans les premiers rangs, puis empoigne sa guitare. Celle-ci ne fonctionne pas, alors il passe à la batterie pour un petit solo ce qui nous ravit bien évidemment !
Le show proprement dit débute ensuite par un jam, où les musiciens se rajoutent petit à petit. La basse de Larry Graham a des soucis, la guitare de Mike Scott est hors service, les claviers de Mr Hayes sont à demi muets. L’Artiste prend tout ceci avec assez d’humour, et donne des ordres aux roadies (toujours présents sur scène) et à l’ingénieur du son.
Compte tenu de cette situation chaotique, il semble que le show ait été en grande partie improvisé, du moins dans sa première moitié. Prince mit en avant son mentor Larry Graham, et déroula une partie de son répertoire : Thank You (Faletinme Be Mice Elf Agin), Everyday People, The Jam, It’s Alright… ainsi que celui de James Brown (Talkin’ Loud And Sayin’ Nothin) ou Chuck Brown & The Soul Searchers (I Feel Like Bustin’ Loose). Très mis en avant, l’ancien bassiste de Sly Stone est même descendu dans le public pour son jam Eyemagettin.
Le public était assez refroidi par l’attente, aussi bien dehors que dedans, qui pour certains a duré plus de six heures ! L’Artiste a alors usé de toute son énergie pour faire bouger la salle. La seconde partie du show fut bien plus intéressante, avec une splendide version de Kiss à double basse (Larry + Artiste), tout en faisant monter sur scène trois potiches qui ne connaissaient même pas les paroles ! Gett Off est jouée sur la base du morceau Utopia, du dernier album de Larry Graham, et fut agrémenté d’un superbe solo de guitare final. La reprise de Red House de Jimi Hendrix a également été très appréciée.
Le show, d’une durée de plus de deux heures, s’est donc terminé à près de cinq heures et demi du matin ! Et finalement, aucun titre de l’album Rave Un2 The Joy Fantastic n’a été joué !
Après le show
Il fallait vite rentrer se coucher ! Le lendemain, deux autres événements étaient prévus : la présence de Prince à l’émission Nulle Part Ailleurs de Canal+ et l’enregistrement de Hit Machine pour la chaîne M6.