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Diamonds And Pearls est le quatorzième album de Prince (le treizième dans l’ordre de parution). Il est le premier à être attribué à Prince and The New Power Generation. Il est paru sous la forme d’un double album vinyle, simple CD, et simple K7 le 1er octobre 1991 chez Paisley Park Records / Warner Bros.

Une Super Deluxe Edition de cet album est parue en 2023.

Genèse

Parmi les grandes stars des années 1980, Prince est le roi incontesté de la production discographique. En dix ans il a produit dix albums, dont trois sont des double albums vinyle (1999, Sign O’ The Times, et Graffiti Bridge). Au total, à ce stade il a vendu environ 30 millions d’albums. Seul Michael Jackson parvient à faire mieux, avec deux albums (Thriller, en 1982 et Bad en 1987) qui se sont écoulés à plus de 40 millions d’unités sur la même période. Madonna, qui est arrivée plus tard, a vendu avec ses trois albums, Like A Virgin (1985), True Blue (1986) et Like A Prayer (1989) un total de 16 millions d’exemplaires.

Malgré tout, la fin de la décennie voit arriver l’émergence d’une nouvelle génération, notamment dans la mouvance R&B / Soul / New Jack qui redonne de l’intérêt à la musique noire. On voit apparaître des disques de producteurs (Jimmy Jam & Terry Lewis, LA Reid & Babyface…), et le hip-hop se démocratise avec une musique moins ambitieuse, à base de samples, et des textes souvent simplistes (ex. MC Hammer) qui parfois, affichent une violence et une dureté inédites, et qui font passer pour gentillet les textes à scandale de Prince.

D’autre part, avec le coup manqué du Black Album et l’urgence de la création de la bande originale de Batman, Prince a continué à délaisser son audience afro-américaine qui ne se reconnait pas dans Parade ou dans Lovesexy.

Après l’échec de Graffiti Bridge, Warner envisage de faire paraître une compilation best-of des succès de Prince. Un projet est esquissé avec un double CD qui comprendrait sur le premier disque les tubes des années 1980, et en second disque le Black Album. Mais Prince, qui voit ses albums comme un tout cohérent, n’aime pas les compilations. C’est alors que se met en place un nouveau plan marketing.

Le nouveau groupe de Prince, The New Power Generation, se constitue début 1991. Le départ fin 1990 du vétéran Dr Fink, qui était présent depuis les débuts en 1978, a permis la création d’un « big band » au feeling essentiellement « black », avec un personnel totalement renouvelé. On y retrouve Michael Bland à la batterie, présent depuis 1989, associé à une « idole » (un ami d’enfance) de Prince : Sonny Thompson, qui prend la basse. Levi Seacer Jr, une autre pointure présente depuis 1987, glisse donc de la basse à la guitare, apportant un son Soul/Stax étonnant et du meilleur effet. Rosie Gaines, vocaliste et claviériste de haute tenue, rejoint également le groupe. Tommy Barbarella occupe la position de Dr Fink, et un trio de danseurs / rappers appelés les Game Boyz, vont livrer une image à la fois rajeunie et contemporaine, adaptée à l’émergence rapide du hip-hop sur les chaines de TV musicales comme MTV ou VH-1.

En s’associant à ce groupe et en promettant à Warner de faire tourner à fond la carte de la promotion sur de multiples formes (clips calibrés pour les chaînes musicales, performances incroyables dans les shows TV, et une tournée mondiale en prévision…), Warner accepte de reporter la compilation best-of et de laisser sa chance à Prince avec l’album Diamonds And Pearls.

Enregistrement

Les premiers morceaux créés pour Diamonds And Pearls sont le morceau-titre et Live 4 Love, enregistrés en décembre 1989 à Paisley Park, c’est à dire bien avant que Graffiti Bridge (paru en août 1990) ne soit effectivement terminé. Cependant à ce stade, il n’y a pas de projet d’album précis. C’est seulement en juin 1990, alors que Prince était en séjour à Londres pour le Nude Tour, que trois nouveaux morceaux furent créés : Daddy Pop, Walk Don’t Walk, et Schoolyard. Une autre session studio eut lieu au Japon, en septembre 1990, pour Willing And Able, Strollin, et Money Don’t Matter 2-Night. La plupart de ces enregistrements sont toutefois juste des pistes de base, qui seront considérablement embellies et complétées à Paisley Park ensuite.

En septembre 1990, Prince enregistre à Minneapolis les morceaux Horny Pony, Something Funky (This House Comes), The Flow et Jughead. Les trois derniers titres voient la participation de Tony M., dont Prince a découvert les talents de rapper pendant le Nude Tour. D’ailleurs, le rap de The Flow avait été joué en live pendant le Nude Tour sur certains concerts, inséré à la fin de The Future. En séjour à Los Angeles en octobre 1990 pour travailler sur les versions maxi du morceau New Power Generation, Prince en profite pour enregistrer le morceau Insatiable aux studios Larrabee. Un peu plus tard, de retour à Paisley Park, Prince enregistre un titre intitulé Glam Slam ’91, qui ne figurera pas sur l’album mais contient déjà la quasi-totalité des paroles du morceau Gett Off.

Une première configuration de l’album Diamonds And Pearls est assemblée le 27 novembre 1990, soit près d’une année avant sa sortie en version définitive. A ce stade, l’album présente déjà la trame générale de l’album final malgré plusieurs particularités et d’autres morceaux encore absents. La plupart des titres qui subsisteront sur l’album final seront remixés ou retravaillés ultérieurement, notamment en augmentant les participations de Rosie Gaines ou de Tony Mosley. Une configuration remaniée et plus complète encore (13 titres au lieu de 11) est assemblée en décembre 1990. Elle comporte cinq titres qui seront écartés de la version finale : Schoolyard, Something Funky (This House Come), Call The Law, The Flow et Horny Pony. En mars 1991, une nouvelle version est assemblée et elle correspond déjà au track-listing final de l’album, mis à part que Gett Off n’est pas encore présent, c’est toujours Horny Pony qui y figure. Entre temps, les titres Cream, Push et Thunder ont été enregistrés.

Le morceau Gett Off est enregistré en mai 1991. Prince était si satisfait du résultat qu’il voulu sortir ce single immédiatement. Une vidéo est tournée à la fin du mois de mai à Los Angeles. Sans attendre Warner, un maxi-single vinyle est pressé indépendamment à 1500 exemplaires et envoyé à des DJ ou des radios, le jour de l’anniversaire de Prince (7 juin 1991). Immédiatement, le disque devient un collector très recherché, changeant de main pour plus de $200 ! Le morceau procure un intérêt si rapide que le titre est finalement intégré à l’album Diamonds And Pearls, en remplacement de Horny Pony, qui deviendra la face B du single commercial de Gett Off. Il est d’ailleurs intéressant de signaler que Gett Off s’écrit avec deux T pour le différencier du morceau Get Off sorti l’année précédente sur le maxi single du titre New Power Generation.

Éditions

La pochette du CD de Diamonds And Pearls avec l’hologramme.

Dans la grande majorité des cas, l’album est paru dans une configuration semblable dans les différents pays. On trouve toutefois quelques particularités.

Les éditions vinyle sont assez limitées : le seul pressage « grand public » en double album est en Allemagne, puisque les États-Unis et le Japon ont cessé la production de vinyles depuis 1989. Il existe aussi quelques éditions où l’intégralité de l’album est condensée sur un seul disque. Il en résulte une qualité sonore un peu amoindrie. C’est le cas pour les éditions de Corée du Sud ou du Venezuela.

Les premières éditions CD et K7, diffusées très largement, proposaient une pochette avec un hologramme. L’hologramme ne pouvait pas être réalisé pour l’édition vinyle, celle ci se contente donc de la pochette bleue standard. Les rééditions ultérieures des CD et K7 reprendront la pochette bleue standard de l’édition vinyle.

  • Side 1:
  1. Thunder (5:45)
  2. Daddy Pop (5:16)
  3. Diamonds And Pearls (4:43)

 

  • Side 2:
  1. Cream (4:12)
  2. Strollin’ (3:46)
  3. Willing And Able (4:59)
  4. Gett Off (4:31)

 

  • Side 3:
  1. Walk Don’t Walk (3:07)
  2. Jughead (4:56)
  3. Money Don’t Matter 2 Night (4:46)
  4. Push (5:52)

 

  • Side 4:
  1. Insatiable (6:39)
  2. Live 4 Love (6:59)

 

Singles

Gett Off – pochette du maxi promotionnel tiré à seulement 1500 exemplaires et portant le numéro de catalogue JUN7

L’album ayant eu un grand succès mondial, les singles sont à profusion.

Le premier titre paru en single est Gett Off. Il a surgit tout d’abord le 7 juin 1991 lorsque 1500 DJs et radios triés sur le volet ont reçu un maxi promotionnel pressé sur une seule face et contenant la version Damn Near 10 Minutes du titre. Le succès fut immédiat dans les clubs et 2 mois plus tard ce titre atteignit la place de n°1 du Billboard Hot Dance Music. La version présente sur ce disque est spécifique, c’est en fait la version originale et intégrale du titre avant d’être remixée pour l’album et les autres déclinaisons de singles. Ces disques sont devenus légendaires auprès des collectionneurs, s’échangeant à plus de $200 dans les semaines qui suivirent leur distribution, et atteignant des prix supérieurs dans les années suivantes, jusqu’à ce qu’un facsimilé de cette édition soit édité le 24 novembre 2023 dans le cadre du Record Store Day.

En dehors de cette édition exclusive, le titre Gett Off a fait l’objet d’une sortie commerciale déclinée en de nombreuses versions selon les pays. Ainsi, la version présente sur les 45 tours par exemple est différente entre les US et les pressages Européens. En maxi-single, certaines versions portent des noms différents mais sont en réalité identiques. Il existe aussi des versions qui ne sont présentes que sur les maxi promotionnels anglais. Enfin, il existe des éditions maxi-single avec une déclinaison du morceau initial. Ces pistes supplémentaires sont appelées Gett Off (Houstyle), Violet The Organ Grinder, Gett Off (Flutestramental), Gangster Glam, et Clockin’ The Jizz. Sur plusieurs éditions single, le titre inédit Horny Pony figure en piste bonus.

Cream – second pressage européen reprenant le contenu du maxi-single américain. Dans ce cas la pochette n’est plus violette mais jaune.

Le second single (également paru avant la sortie de l’album) est Cream. Il comporte aussi sur certaines éditions le titre Horny Pony. Des éditions simples (reprenant également le titre Gangster Glam du maxi précédent) sont parues d’abord en Europe, puis la version US du maxi est parue avec là encore des déclinaisons et remixes du titre original. On y retrouve : Cream (NPG Mix), Things Have Gotta Change (Tony M. Rap), 2 The Wire (Creamy Instrumental), Do Your Dance (KC’s Remix), Housebangers, Q In Doubt (Instrumental), et Ethereal Mix. Plus tard, l’Europe a également fait paraître sa propre édition du contenu du maxi américain.

Diamonds And Pearls – CD-single holographique paru en Europe.

Le troisième single est le titre Diamonds And Pearls. Le nombre de variations est plus réduit que pour les deux sorties précédentes. L’édition maxi-single est parue uniquement en Allemagne et en Grande-Bretagne. Seule une édition promo vinyle est parue aux États-Unis. En revanche les supports CD-single et Cassette single sont à profusion. Cette sortie ne comporte pas de titre inédit, elle reprend certains des remixes issus du maxi de Cream. L’une des éditions intéressantes est le CD-Single holographique proposé en Grande-Bretagne.

Le quatrième single est Money Don’t Matter 2-Night, un autre titre phare de l’album qui propose une vision dramatique de la société américaine. La face B est un morceau inédit, Call The Law, issu des sessions studio initiales de l’album, et mettant en avant Tony M. Les éditions intéressantes de ce single sont surtout le CD-single anglais holographique ainsi que le picture disc (pressé sur une seule face) paru également en Angleterre.

Le CD single américain de Willing And Able contient une version edit (4:15) spécifique à ce disque.

Il est à noter l’existence d’un CD promotionnel américain du titre Willing And Able, mais il semble que l’idée de faire paraître en single ce titre ait été abandonnée, car ce CD est devenu une rareté très peu diffusée.

7″ singles / CD singles

Gett Off / Horny Pony
Cream / Horny Pony
Insatiable / I Love U In Me
Diamonds And Pearls / Q In Doubt
Money Don’t Matter 2-Night / Call The Law
Willing And Able / Willing And Able [promo only] US

12″ singles / CD maxi-singles

Gett Off (Damn Near 10 mn) [promo only] US
Gett Off (Extented Remix 8:31) – Gett Off (Houstyle 8:20) – Violet The Organ Grinder (4:59) – Gett Off (Flutestramental 7:26) – Gangster Glam (6:04) – Clocking The Jizz (Instrumental 4:51) US
Gett Off (Urge Mix 8:25) – Gett Off (Thrust Mix 9:28) DE, UK
Cream / Horny Pony / Gangster Glam DE, UK
Cream (Album Version 4:12) – (N.P.G. Mix 5:47) – Things Have Gotta Change (Tony M. Rap 3:57) – 2 The Wire (Creamy Instrumental 3:13) – Get Some Solo (1:31) – Do Your Dance (KC’s Remix 5:58) – Housebangers (4:23) – Q In Doubt (Instrumental 4:00) – Ethereal Mix (4:43) US, DE
Diamonds And Pearls (LP Version 4:45) – Housebangers (4:23) – Cream (N.P.G. Mix 6:16) – Things Have Gotta Change (Tony M. Rap 3:57) DE, UK
Money Don’t Matter 2 Night (LP Version 4:48) – Push (LP Version 5:56) – Call The Law (Non-LP 4:19) DE, UK
Thunder – Violet The Organ Grinder (4:59) – Gett Off (Thrust Dub) [picture disc] UK
Insatiable (Edit 4:01) – Insatiable (6:37) [promo only] US

Analyse

Diamonds And Pearls est un disque qui a été travaillé intensément pendant plus d’une année, un peu comme cela fut le cas pour Purple Rain. Prince a investi une énergie considérable dans la réalisation de ce disque, et de tout ce qui tourne autour : costumes, prestations TV, clips vidéos. Il faut dire que Prince jouait son va-tout avec cet album. Il lui fallait retrouver un important succès commercial pour de nombreuses raisons. Certes l’album Batman avait très bien marché, mais c’était dans le contexte du succès du film, et non sur les actifs de Prince. Bien que ses albums d’après Purple Rain aient tous été disques de platine aux USA, il semblait que Prince avait du mal à trouver son public et les ventes étaient généralement jugées comme décevantes. D’autant que Batman n’est pas sorti sur le label Paisley Park mais sur le label générique de Warner, et n’avait donc pas permis de renflouer les caisses du label de Prince. L’échec commercial de Graffiti Bridge avait enfoncé le clou. 

Dans le même temps, le label Paisley Park Records est en grande difficulté : aucune des productions parues depuis sa création en 1985 n’a obtenu de certification de Disque d’Or aux Etats-Unis, à part l’album Pandemonium de The Time, qui est davantage considéré comme étant une réussite de Jimmy Jam & Terry Lewis que de Prince. Des contrats à plusieurs millions de dollars ont été signés avec des artistes comme Three O’Clock, Tony LeMans, ou Dale Bozzio, sans aucune retombée financière.

Prince avait aussi conscience que son contrat discographique avec Warner se terminait après Diamonds And Pearls, et pour être renouvelé dans de bonnes conditions il était indispensable de démontrer qu’il avait encore de quoi satisfaire une large audience.

Pour toutes ces raisons, Diamonds And Pearls devait être une réussite. Dès le mois de juin 1991, Prince fait la tournée des conventions de professionnels du disque qui se révélèrent enthousiastes vis à vis de l’album. Durant l’été, le single Gett Off est numéro 1 au Billboard Hot Dance, et entre dans le Top 10 de nombreux charts à travers le monde. En septembre, le deuxième single extrait en avance de l’album, Cream, est classé n°1 au Billboard Hot 100 ce qui en fait le 5ème n°1 généraliste de Prince (après When Doves Cry, Let’s Go Crazy, Kiss, et Batdance).

Accessible, exubérant et enjoué, Diamonds And Pearls donne le sentiment de retrouver l’énergie et l’évidence de Purple Rain. On se dit qu’on retrouve le meilleur de Prince, et en même temps Prince n’a jamais sonné auparavant comme cela. Les morceaux de premier ordre sont nombreux : Gett Off et Cream, bien sur, mais aussi Money Don’t Matter 2-Night et Live 4 Love sont devenus des classiques. L’album propose des directions musicales assez nouvelles chez Prince. Strollin’ est un rafraichissant morceau jazzy, Walk Don’t Walk affiche un côté pop joviale pas déplaisant (même si à l’époque de la sortie de l’album, les bruits de klaxons avaient fait débat dans la communauté des fans). Thunder est construit sur une mélodie orientale, et Willing And Able est une profession de foi qui fut parfois vue comme un hommage à la chanson Is This Love ? de Bob Marley, bien que ce ne soit pas du tout le cas.

Le disque donne aussi la part belle au hip-hop avec la participation de Tony Mosley, mis en avant dans les clips vidéos. On le trouve présent sur Daddy Pop, Willing And Able, Gett Off, Jughead, Push, et Live 4 Love. Cette nouveauté peut surprendre si l’on fait référence au titre Dead On It sur le Black Album, dans lequel Prince se moquait du manque de musicalité des rappers. Si cette évolution permet d’apporter une audience contemporaine à Prince, les fans de la première heure apprécient moins ce revirement.
Le chapitre de la romance sensuelle est détenu par Insatiable, tandis que le morceau titre est une ballade romantique plus classique.

Autre nouveauté, les musiciens de Prince ont réellement participé sur l’album, en tous cas bien plus que les membres de The Revolution sur les albums précédents. Levi Seacer Jr, Tommy Barbarella, Michael Bland et Sonny Thompson jouent sur la quasi totalité des morceaux, et sont aussi mis en avant dans les clips. Rosie Gaines chante en duo ou en background sur la quasi totalité des titres, procurant un contrepoint de qualité aux parties vocales de Prince.

Du côté des paroles, on note aussi un réel changement. Exit les messages cryptiques et spirituels entendus sur Graffiti Bridge. Si la religion reste présente, elle n’est plus l’élément central de l’album. On en revient aux bonnes vieilles recettes : Gett Off et Cream pour ne citer qu’eux, parlent de sexe chacun à leur manière. Au global, l’album affiche une virilité machiste, renforcée par la présence de Diamond et de Pearl, deux danseuses d’apparence presque jumelles, et présentes en duo sexy sur la pochette de l’album et dans les clips.

L’aspect « société » n’est pas oublié pour autant, et il faut remonter à Controversy pour trouver un disque de Prince qui aborde autant de sujets proches de la rue. Dans Walk Don’t Walk, Prince procure des conseils de bonne conduite. Sur Money Don’t Matter 2-Night, il est question de la suprématie du pétrole et de l’oppression des populations. Dans Live 4 Love, Prince prend la place d’un pilote d’avion de chasse, tourmenté par des remords au moment d’appuyer sur le bouton pour larguer les bombes. Bien qu’enregistrée en décembre 1989, donc avant le début de la Guerre du Golfe, Live 4 Love sonne terriblement actuelle au moment de la sortie de l’album.

Au global, Diamonds And Pearls est l’album le plus black / soul / R&B / funk de Prince depuis 1999. Prince a fait preuve d’une énergie immense lors de la promotion du disque, prodiguant des clips vidéo de qualité, et des apparitions TV devenues mythiques, au Arsenio Hall Show et aux MTV Video Music Awards.

Critiques

Comme souvent avec les albums à fort succès commercial, les critiques ne furent pas excellentes. Bien entendu, Diamonds And Pearls fut jugé supérieur à Batman ou Graffiti Bridge, mais en restant un cran en dessous de sa meilleure production des années 1980. La présence de Tony Mosley et l’inclusion du rap a été l’objet de nombreuses critiques, tant par la presse que par les fans. Beaucoup ont pensé que Prince avait fait ce choix dans le but délibéré de vendre plus de disques, tournant ainsi le dos à son intégrité musicale.

Performances commerciales

Diamonds And Pearls est le deuxième plus important succès de toute la carrière Prince, après Purple Rain. Les ventes mondiales se sont montées à plus de six millions d’exemplaires, dont 2 aux États-Unis. L’album fut classé numéro 3 au Billboard Pop Chart, et numéro 1 dans le chart R&B. Quatre des singles extraits de l’album sont entrés dans le Top 30 US, ce qui n’était pas arrivé depuis Purple Rain. Il fut également n°1 en Australie, et n°2 en Grande-Bretagne, où il fut triple disque de platine (900 000 exemplaires). Il fut aussi un énorme succès en France, qui est le deuxième marché pour l’album en dehors des États-Unis, avec 600 000 unités vendues.

Héritage

Album bardé de hits, Diamonds And Pearls fut régulièrement joué en concerts lors des tournées successives. Le Diamonds And Pearls Tour du printemps – été 1992 a eu lieu en Australie, au Japon, et en Europe, et a largement concerné le contenu de l’album. Par la suite, Cream, Gett Off, Diamonds And Pearls, Money Don’t Matter 2-Night, et Insatiable sont des titres qui furent régulièrement joués en concert.

Il est intéressant de constater à quel point cet album est symbolique de l’évolution de l’industrie du disque, au début des années 1990. La qualité intrinsèque de la musique est ici mise de côté, au bénéfice d’artifices qui font vendre. D’un côté, Prince a considérablement travaillé pour faire de ce disque un succès, alors que de l’autre l’album a été une forme de déception pour ceux qui adulaient Prince dans les années 1980. Cependant, il a permis aussi de conquérir une nouvelle base de fans et d’assurer la continuité de la carrière de Prince dans les années qui ont suivi.

Informations

Label : Paisley Park Records / Warner Bros.
Date de sortie US : 1er octobre 1991
Date de sortie Europe : 1er octobre 1991
Durée : 65mn48
Formats de sortie : CD, double LP, cassette

Les singles

  • Gett Off
  • Cream
  • Diamonds And Pearls
  • Money Don’t Matter 2night
  • Insatiable
  • Thunder

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