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Paris, Bercy, 11 juillet 1992

Mon billet de concert pour le 11 juillet 1992

Cet article relate mon expérience vécue lors du concert de Prince and The New Power Generation à Paris Bercy, le 11 juillet 1992, dans le cadre de la tournée Diamonds And Pearls.

Le contexte

Les concerts de la tournée Diamonds And Pearls viennent après le succès de l’album du même nom, sorti fin 1991. La tournée a débuté en avril 1992 par le Japon, s’est poursuivie par l’Australie, et termine par l’Europe essentiellement sur juin et juillet. Les trois concerts de Paris sont les tous derniers de la tournée, ce qui laissait présager une belle fête de clôture.

Malgré le succès de l’album Diamonds And Pearls, seuls trois concerts sont prévus à Bercy au lieu de quatre les fois précédentes. Il est probable que les organisateurs ont préféré afficher trois concerts archi complets plutôt que quatre concerts qui ne se seraient peut être pas vendus complètement.

Affiche de la tournée Diamonds And Pearls avec les dates initiales

Les trois concerts devaient initialement avoir lieu les 30 juin, et 1er et 2 juillet 1992, mais pour des raisons de logistique de la tournée ils ont été déplacés pour les 10, 11 et 12 juillet 1992. Les billets étaient à ce stade déjà imprimés et vendus, donc les dates figurant sur les billets sont devenues erronées.

Un concert à Nîmes était également envisagé pour le 21 juillet (voir affiche ci-contre) mais il ne s’est jamais matérialisé.

A cette époque, j’étais un étudiant fauché. Mon argent de poche servait essentiellement à payer le resto U et le carburant de ma voiture pour me rendre à la fac. Je n’avais pas encore de job étudiant, et la vente des billets est tombée au mauvais moment. A un tel point que je ne peux même pas acheter de billet avant que les concerts ne soient sold out ! Fort heureusement, une de mes connaissances à la fac me revendra au prix normal un billet acheté en trop, peu de temps avant le concert.

Autre malchance, mes parents déménagent durant l’été 1992 et l’événement est programmé pour un weekend de juillet… pile poil pendant le weekend où les dates des concerts sont finalement déplacées ! Il va de soi que je ne pouvais pas lâcher mes parents durant leur gros déménagement, en tous cas justement pas ces trois jours là !

C’est pourquoi je me suis contenté d’une seule date, celle du samedi soir, en me disant que je pourrais me rendre sur Bercy en fin d’après midi.

La veille au soir je suis tout de même sorti avec quelques copains dans Paris, et on croisa quelques personnes qui revenaient du concert un peu déçus, en disant qu’il y avait « trop de rap ». Décidément, tout cela ne s’annonçait pas bien.

Avant le show

Le samedi toute la journée j’étais en plein dans le déménagement. C’est donc seulement vers 17h que je décolle de ma lointaine banlieue en direction de Bercy, avec l’angoisse de manquer toute la partie « folklore » des réunions entre fans sur les escaliers de Bercy, et surtout d’être relégué à une place éloignée pendant le show.

Effectivement, sur place il y a une foule énorme et lorsque j’arrive c’est déjà l’entrée dans la salle qui commence. En ce qui me concerne, je dois attendre ma connaissance de la fac qui m’avait dit terminer son travail ce jour là à… 19 heures ! Sauf que le temps de quitter son job, et d’arriver jusqu’à Bercy c’est seulement vers 20h que nous la retrouvons et pouvons entrer dans le bâtiment.

A cette heure, la salle est déjà presque complètement remplie et je dois dire adieu aux gradins situés au plus près de la scène et qui m’avaient permis d’être devant pour les concerts de 1987. Les places en plein milieu des gradins ne me tentent guère, alors on déniche des places au premier rang mais… tout au fond de Bercy ! On est pile en face de la scène, mais tout de même un peu loin. C’est l’occasion de voir un show d’ensemble, mais pour les mimiques de Prince ou l’interaction les yeux dans les yeux, il faudra repasser.

La salle s’éteint et vient la première partie, Indra, une chanteuse franco-suédoise de pop/dance qui avait obtenu un succès énorme avec son tube… Let’s Go Crazy (rien à voir avec la chanson de Prince du même titre). Le public de Prince, déjà aguerri à la « vraie musique », rejette en bloc Indra qui est obligée de répondre qu’elle « fera son show jusqu’au bout ». Bref, passons.

L’attente pour les concerts de Prince est rythmée (si l’on peut dire) par des messages lancinants diffusés aussi sur les écrans, et toute une série de phrases promotionnelles au sujet de Carmen Electra ou de Mayte, « le plus récent membre des NPG« . D’autre part, le titre Blue Light a été diffusé en avant première de l’album Love Symbol.

Le show

Vient le moment du show de Prince. Le concert de Diamonds And Pearls est un show délirant à la manière du Lovesexy Tour de 1988. Le spectacle débute par l’apparition… d’un vaisseau spatial, en fait un portique mobile fait de projecteurs qui donne l’impression de se poser sur scène. Prince apparaît dans une sorte de tube ascenseur, et démarre le titre Thunder. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça pousse très fort au niveau du son. Purée, on s’en prend plein la tête et il faut quasiment s’accrocher aux barrières rouges de Bercy pour ne pas s’envoler avec le souffle des baffles. J’exagère à peine, et en tous cas ça change des sensations des premiers rangs où le son est souvent brouillon, mélangé avec les retours de scène.

Magazine Best de juillet 1992 proclamant Prince « le plus grand showman de la décennie »

Ceci dit, c’est peut être le seul « avantage » de notre position. Alors que l’on pensait que ces places conviendraient, il faut tout de même avouer qu’elles sont définitivement trop lointaines. Malgré la qualité du show, et la puissance du son, il est difficile d’être « dedans » et nous ratons de nombreux éléments du spectacle, que je découvrirai seulement en visionnant ultérieurement les vidéos officielles et pirates des autres shows. Mais le pire, c’est que nous manquons l’émotion, l’âme du show, qui ne parvient pas à imprimer nos esprits comme l’on pu faire les shows précédents à Bercy. C’est sacrément dommage, surtout que je ne pourrai faire qu’un seul show de cette tournée. Mais on ne peut pas avoir de la chance à tous les coups…

Autre moment sympa du concert : pendant le titre Jughead, Prince quitte la scène pour changer de costume mais quand vient le moment de chanter sa partie, il apparaît sur un écran vidéo dans les coulisses ! Le spectacle comprend aussi un lit volant, et quantité d’autres effets spéciaux. Pour Gett Off, Prince utilisera un micro portatif pour lui permettre de recréer la chorégraphie du clip, mais ce ne sera pas tellement réussi car le micro aura de nombreux soucis techniques, et le son sera hachuré.

En ce qui concerne l’aspect « rap » décrié par de nombreux fans, il est vrai qu’il est assez souvent présent et Tony M beugle un peu trop. C’est probablement le point le plus souvent noté moyen dans un show qui est pour le reste fantastique.

La fin du show se caractérise par le retour de Prince dans son vaisseau spatial, qui décolle pour une prochaine destination. Tout simplement grandiose. Mais si le show donne du grand spectacle, ce n’est jamais dans l’esbroufe comme peuvent le faire d’autres artistes, pour cacher le manque de musicalité. Cette fois encore, Prince est musicalement et sur le plan théâtral bien au dessus de tout.

Après le show

Bien que je n’ai pas réellement pu apprécier le show à sa juste valeur et dans les meilleures conditions, je suis heureux d’avoir pu y assister. Ce que je regrette c’est de ne pas avoir pu faire un autre show pour conjurer le sort, mais les concerts de Bercy étant les derniers de la tournée, c’était raté. Des trois shows parisiens, ce fut en fait celui du vendredi (10 juillet) qui fut le meilleur et le plus complet.

Ce concert eut néanmoins un impact important dans ma vie personnelle. Il m’est apparu que je ne voulais plus dépendre financièrement de quiconque pour me permettre d’assouvir ma passion pour le Kid de Minneapolis. Le manque d’argent avait fait que je n’ai assisté qu’à un seul concert de cette tournée, et j’en ai ressenti une grande frustration. D’autre part, le fait d’avoir racheté le billet à quelqu’un que j’ai dû attendre des heures avant de pouvoir entrer dans la salle a également ruiné mon expérience. Dès la rentrée universitaire suivante, je décrochais un job étudiant pour mettre de l’argent de côté en vue des prochains concerts et sorties de disques.

Musiciens :

Set list :

Michael B : batterie
Sonny T : basse
Levi Seacer Jr : guitar
Rosie Gaines : claviers, chant
Tommy Barbarella : claviers
Tony M. : danse, rap
Damon Dickson : danse
Kirk Johnson : danse, vocals, percussions
Diamond : danse
Pearl : danse
Mayté Garcia : danse
William Graves : DJ
NPG Hornheads : trombone, trompette, saxophones
Take My Hand, Precious Lord [traditionel]
Thunder
Daddy Pop
Diamonds And Pearls
Let’s Go Crazy
Kiss
Jughead
Purple Rain
Live 4 Love
Lively Up Yourself / Delirious / Willing And Able
Damn U
Sexy M.F.
Thieves In The Temple / It
A Night In Tunisia / Strollin’ [instrumental]
Insatiable
Gett Off / Gett Off (Houstyle) / The Flow
Call The Law
1999 / Baby I’m A Star / Push incl. A Love Bizarre, My Name Is Prince

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