Sign ‘☮’ The Times est le neuvième album de Prince. Il est paru sous la forme d’un double album vinyle, double-CD, et double-K7 les 30 mars (USA) et 31 mars (Europe) 1987, chez Paisley Park Records / Warner Bros.
Une réédition Super Deluxe est parue en 2020 chez NPG Records / Warner Bros.
Genèse
Sign ‘☮’ The Times est généralement décrit comme étant l’apogée artistique de Prince. Un double album inventif et audacieux, inspiré et éclectique. C’est en tout cas ce qui paraît vu de l’extérieur.
Pour autant, Sign ‘☮’ The Times est peut-être aussi l’album de Prince qui a été le plus conçu dans la douleur. Le processus pour arriver au résultat final fut complexe, et pour la première fois un album de Prince ne fut pas le fruit d’une création spontanée, mais d’une série d’évolutions de différents projets. C’est peut être aussi l’album sur lequel les évènements extérieurs ont eu le plus d’influence. C’est ce que nous allons tenter de décrire ici.
En avril 1986, l’album Parade vient tout juste de sortir et Prince a déjà un coup d’avance. Il a enregistré et constitué avec The Revolution l’intégralité de leur prochain album. A ce stade, il s’agit d’un album simple de 11 titres intitulé Dream Factory.
Ce projet d’album va continuer d’évoluer dans les semaines qui suivent, et devenir un double album à partir du mois de juin, avec 19 titres.

En parallèle de la création de l’album, plusieurs choses évoluent dans la vie personnelle de Prince. Susannah Melvoin, la soeur jumelle de Wendy Melvoin qui est guitariste au sein de The Revolution, a une relation sentimentale avec Prince depuis l’année précédente. Les Melvoin sont dans l’entourage de Prince depuis 1983. Cette relation est maintenue secrète et Prince reste célibataire aux yeux de tous et toutes, bien que des fiançailles aient été prononcées à la fin de l’année 1985 lorsque Prince préparait le film Under The Cherry Moon. Susannah avait participé au groupe The Family, dont l’album est paru en août 1985, et elle devait tenir le principal rôle féminin du film Under The Cherry Moon, mais elle sera écartée au profit d’une actrice professionnelle, Kristin Scott-Thomas.
En novembre 1985 quand Prince revient à Minneapolis après le tournage du film, il prend possession de sa nouvelle maison située sur Galpin Boulevard, à Chanhassen, à moins de deux kilomètres des futurs studios Paisley Park. C’est la première fois que Prince emménage « pour de vrai » dans une maison avec une de ses petites amies. Susannah reste localisée à Minneapolis, avec pour charge d’aménager l’intérieur de la maison.
Mais pendant ce temps, Prince continue de rencontrer ouvertement d’autres femmes à Los Angeles ou ailleurs, ce qui ne plait pas à Wendy qui accepte mal de voir sa sœur ainsi mal traitée. Wendy est alors en couple avec Lisa Coleman (ce qui n’était pas révélé à l’époque). On imagine aisément que par effet domino, les tensions gagnaient le cœur même du groupe Revolution. En avril 1986, suite à une dispute, Prince loue un appartement en centre ville de Minneapolis à l’attention de Susannah. Ils continueront d’être ensemble de façon intermittente encore quelques mois, jusqu’en octobre.

Sur le plan musical, il y avait aussi des frustrations. Brown Mark, le bassiste, n’était pas sûr de vouloir continuer avec Prince. On lui aurait offert de tourner avec Stevie Nicks pour un salaire plus important que ce qu’il touchait avec Prince. En novembre 1985, Prince avait intégré les membres du groupe The Family au sein de The Revolution, doublant ainsi l’effectif du groupe. Les membres originels ne voyaient pas d’un très bon œil l’arrivée de ces nouvelles personnes car elles pensaient que l’âme du groupe et ce qui les avaient animés comme une famille depuis les débuts, allait s’estomper. Wendy, qui voyait The Revolution comme LE groupe qui avait défini le son des années 1980, s’est vu entendre regretter que The Revolution devenait « juste un autre groupe funk ».
En juillet 1986, alors que le projet Dream Factory a encore évolué en un double album de 22 titres, Wendy et Lisa décident de quitter définitivement Minneapolis. Leur projet de départ se fait dans une certaine indifférence, jusqu’à la dernière minute où Prince demande à Bobby Z d’aller les rattraper à l’aéroport. Après une discussion avec Alan Leeds, les filles acceptent de rester dans le groupe pour assurer la tournée Parade qui a lieu à partir de mi-août en Europe, puis au Japon.

Le concert du 9 septembre 1986 donné au Yokohama Stadium près de Tokyo est le dernier qui aura lieu avec The Revolution. A la fin de ce concert, pendant Purple Rain, Prince va projeter au sol deux de ses guitares, puis terminer le morceau à l’orgue dans un émoi très perceptible. Wendy et Lisa comprennent alors que The Revolution, c’est fini. Ce n’est pourtant qu’un mois plus tard, le 7 octobre 1986, que Prince les convoque dans sa maison de Los Angeles pour leur demander de partir. Il appelle ensuite Bobby Z qui décide de partir également, de même que Brown Mark. La dissolution de The Revolution est annoncée publiquement le 17 octobre.
Prince se réfugie alors dans la musique et son premier projet engagé à peine quelques jours plus tard est celui de l’album de Camille, son alter-ego à la voix trafiquée, dont on pouvait identifier les prémices sur des morceaux comme Erotic City ou Love Or Money. En quelques jours, il enregistre un album complet qui est séquencé et mixé. Des test-pressings sont réalisés, et une date de sortie est même discutée avec Warner pour janvier 1987.
Mais très vite, Prince a une autre idée. Il combine certains titres de Dream Factory, la quasi totalité de l’album de Camille, et d’autres titres enregistrés au fil de l’eau, pour constituer un triple album de 22 titres, qu’il intitule Crystal Ball. Le projet est présenté au management de Warner qui est très réticent à l’idée de faire paraître un triple album. Arguant qu’un triple LP nécessite un coffret, qu’il est plus lourd et encombrant à stocker et transporter, et que forcément le prix de vente s’en ressent, le management de Warner tente de convaincre Prince de réduire son œuvre à un double album.
Le projet était commercialement très risqué. Les albums Around The World In A Day et Parade, bien que certifiés Disque de Platine aux USA, n’ont obtenu que des scores très en deçà de Purple Rain. Il n’était donc pas certain qu’un triple album rencontre réellement le public, déjà saturé de plusieurs albums et de nombreux singles princiers au cours des deux années précédentes, sans parler des artistes annexes. Le potentiel de ventes en Europe était également assez limité.
Prince a beaucoup de mal à accepter cette idée, et de voir ainsi son œuvre maîtresse malproprement découpée. Il fini pourtant par recomposer un track listing de 16 titres qui est finalisé fin février 1987, en choisissant 15 titres issus de Crystal Ball et y ajoutant U Got The Look, qui est le dernier morceau créé pour ce projet.
Enregistrement
Les titres The Ballad Of Dorothy Parker, Starfish And Coffee, It, Slow Love, I Could Never Take The Place Of Your Man, Sign ‘☮’ The Times, et The Cross figuraient déjà dans la dernière configuration connue de Dream Factory (celle de fin juillet 1986). Les versions sont identiques à celles parues sur l’album officiel, à l’exception de Sign ‘☮’ The Times qui était légèrement plus courte sur Dream Factory, et de I Could Never Take The Place Of Your Man, qui était plus longue de quelques secondes.
Tous ces titres sont des créations qui s’étendent de mars à novembre 1986. The Ballad Of Dorothy Parker fut le premier titre enregistré dans le nouveau home studio de la maison de Galpin Boulevard, en mars 1986. Le titre I Could Never Take The Place Of Your Man a toutefois été crée le 23 mai 1979 à Hollywood Sound Los Angeles, pendant les sessions qui ont consisté aux overdubs et au mixage de l’album Prince. Il est possible qu’elle ait été révisée une première fois en 1982. Prince a ensuite ré-enregistré le titre le 16 juin 1986 pour le faire figurer dans Dream Factory. La version de 1979 est parue sur Sign O The Times Super Deluxe Edition, alors que celle de Dream Factory est restée inédite.
L’album de Camille d’octobre 1986 fournit trois titres à l’album final : Housequake, Strange Relationship et If I Was Your Girlfriend. Pour ce qui concerne Strange Relationship, c’est un titre qui remonte à 1982. Une version au piano est d’ailleurs présente sur l’album Piano & A Microphone 1983, paru en 2018. Ce titre a ensuite été travaillé de nombreuses fois en répétition avec The Revolution, on en trouve des traces pendant la tournée Purple Rain et la tournée Parade. Une version studio créée avec Wendy & Lisa est présente sur Dream Factory. Puis Prince travailla à nouveau le morceau en minimisant les apports des deux filles et réarrangeant la chanson, pour la faire figurer sur l’album de Camille. C’est cette version que l’on retrouve finalement sur Sign ‘☮’ The Times.
Enfin, Adore, Play In The Sunshine et It’s Gonna Be A Beautiful Night ont été finalisés en novembre 1986 pour figurer sur le triple album Crystal Ball. En ce qui concerne It’s Gonna Be A Beautiful Night, il s’agit d’un enregistrement live effectué à Paris au Zénith, pendant le Parade Tour. Le morceau, qui était à la base un instrumental, a ensuite été édité sensiblement et les voix ont été ajoutées.
Éditions

L’album est paru sous la forme d’un double album en vinyle, en cassette audio, et en CD. Une Super Deluxe Edition est parue en 2020. L’album original contient 16 titres. L’album a donné lieu à une édition similaire quasiment partout. Les rares différences portent sur la présentation de l’album : dans les pays occidentaux, c’est un sticker qui est apposé sur l’emballage cellophané, dans d’autres pays on trouvera le titre de l’album inscrit directement sur la pochette. Il est à noter qu’à l’instar de Around The World In A Day, aucun nom ni titre n’apparaît sur la pochette, ce qui explique pourquo un sticker fut nécessaire.
Side 1:
- Sign ‘☮’ The Times (5:02)
- Play In The Sunshine (5:05)
- Housequake (4:38)
- The Ballad Of Dorothy Parker (4:04)
Side 2:
- It (5:10)
- Starfish And Coffee (2:51)
- Slow Love (4:18)
- Hot Thing (5:39)
- Forever In My Life (3:38)
Side 3:
- U Got The Look (3:58)
- If I Was Your Girlfriend (4:54)
- Strange Relationship (4:04)
- I Could Never Take The Place Of Your Man (6:31)
Side 4:
- The Cross (4:46)
- It’s Gonna Be A Beautiful Night (8:59)
- Adore (6:29)
Singles

Quatre singles seront extraits de l’album. Le premier est le morceau-titre de l’album, Sign ‘☮’ The Times, présenté dans une pochette étonnante : la danseuse Cat, alors inconnue du grand public, se présente avec la guitare de Prince ce qui n’a pas manqué d’étonner l’auditoire. Le morceau en face B est un titre inédit et délirant : La, La, La, He, He Hee, qui existe en version normale sur le single et en version « highly explosive » de plus de 10 minutes sur le maxi-single. Un picture disc est paru en Angleterre.
Le second titre choisi fut If I Was Your Girlfriend, un titre pas facile et il semble qu’il y ait eu des hésitations sur le choix de ce single. Le maxi ne comporte pas de version extended, mais un autre inédit en face B qui provient de l’album de Camille : Shockadelica. Une version edit de ce morceau sera proposée sur les singles. L’Angleterre proposera également un picture disc de ce maxi-single, avec une photo totalement différente de la pochette. A noter que ce titre sera le premier CD single promotionnel paru de Prince, en pressage américain. Dans les éditions collector, on trouve aussi un 45T en vinyle pêche (avec autocollants et cartes postales) et une autre édition en format « posterbag », en Angleterre.

Le troisième single choisi sera U Got The Look, avec Housequake en face B. L’édition maxi-single proposera deux versions extended sublimes, enregistrées au studio Guillaume Tell à Paris pendant la présence de Prince à Paris durant les concerts de la tournée Sign O The Times, mi-juin 1987. Un picture disc sera proposé en Angleterre.
Enfin, le dernier single commercial sera I Could Never Take The Place Of Your Man, qui sera couplé avec Hot Thing. La version maxi-single propose trois remixes de Hot Thing. L’Angleterre éditera aussi un picture disc de ce titre, mais en faisant le choix d’une photo anachronique, datant de l’époque Parade. Le titre Hot Thing sera aussi édité de son côté en single promotionnel uniquement. Cette pratique du « double face A » était assez courante, permettant de cibler autant les auditeurs pop que ceux du côté R’n’B.
Un cinquième single, The Ballad Of Dorothy Parker, a été envisagé puis a été annulé.

Enfin, une édition spécifique existe en Afrique du Sud : un 45T promotionnel de The Cross couplé avec Adore. Ce single est extrêmement rare et n’a pour ainsi dire jamais été diffusé. Son existence est pourtant réelle. Il comprend une version edit du titre Adore qui n’existe que sur ce 45T, ce qui le rend d’autant plus intéressant pour les collectionneurs.
7″ singles
- Sign ‘O’ The Times (edit 3:42) / La, La, La, He, He, Hee (3:21)
- If I Was Your Girlfriend (edit 3:42) / Shockadelica (3:30)
- U Got The Look (3:46) / Housequake (edit 3:24)
- I Could Never Take The Place Of Your Man (fade 3:39) / Hot Thing (edit 3:40)
- Hot Thing (edit 3:40) [promo] US
- The Cross (4:46) / Adore (edit 4:50) [promo] SA
12″ singles
- Sign ‘O’ The Times (LP version 4:57) / La, La, La, He, He, Hee (highly explosive 10:32)
- If I Was Your Girlfriend (LP version) / Shockadelica (extended 6:12)
- U Got The Look (long look 6:45) / Housequake (MoQuake 7:15)
- I Could Never Take The Place Of Your Man (LP version) / Hot Thing (edit 3:40 / ext remix 8:32 / dub 6:53)
- Hot Thing (edit 3:40 / extended remix 8:32) [promo] US
Analyse
On cite souvent Purple Rain comme étant l’album de référence pour Prince, et s’il est vrai que cet album reste comme son plus important succès commercial, c’est plutôt Sign O The Times qui est considéré comme l’apogée de son œuvre artistique. D’autre part, Purple Rain est un album qui a essentiellement touché l’Amérique, tandis que Sign O The Times a une vocation plutôt internationale, surtout depuis que Parade a bénéficié d’un bien meilleur accueil en Europe et au Japon que dans son pays d’origine.
A l’époque de sa sortie, Sign O The Times apparaît comme une synthèse des différents styles musicaux et stylistiques que Prince avait exploré sur les disques précédents, tout en ayant une sonorité et un environnement qui lui sont propres. C’est aussi un album qui doit marquer le début d’une ère nouvelle, celle où Prince n’apparaît plus avec The Revolution bien qu’il semble évident que l’influence du groupe est encore fortement représentée dans ce disque. Ceci bien que la quasi totalité des titres soient des œuvres de Prince en solo.
L’autre ambition de Prince avec cet album est de mettre tout le monde au tapis. Voulu au départ comme un triple album avec des titres musicalement très recherchés et un foisonnement d’idées nouvelles, le disque ne ressemble à rien de ce qui existe au même moment dans la production musicale. Prince avait manifestement l’envie de créer une œuvre ultime, qui aurait laissé tout le monde bouche bée. Bien que réduit à un double album, épuré de titres trop ambitieux comme Crystal Ball, Rockhard In A Funky Place ou Shockadelica, le disque reste suffisamment consistant pour remplir efficacement ce rôle.
Le premier titre, qui donne également son nom à l’album, est un superbe blues / électro / funk qui aborde des sujets de société tels que le SIDA, la drogue, et l’explosion de la navette Challenger en plein direct pendant son décollage, ce qui avait choqué l’Amérique l’année précédente. Au delà de l’aspect dramatique, le titre est musicalement en avance sur son temps et préfigure, par l’usage que Prince fait de la Linn Drum, la musique électronique et techno qui surgira quelques années plus tard. Comme pour conjurer cet état sinistre de la société, le second titre est Play In The Sunshine, un morceau pop-rock FM lumineux et enjoué, encourageant la fête et la quête du bonheur. Vient alors Housequake que l’on peut qualifier comme un hommage à la musique de James Brown teinté d’un psychédélisme à la George Clinton, et qui est également une ode à la fête.

The Ballad Of Dorothy Parker fut également un morceau remarqué, tant par sa conception que pour sa pertinence, bien que Prince ait avoué ne jamais avoir entendu parler de l’auteure Dorothy Parker auparavant (il est probable que le nom était dans l’inconscient collectif et que Prince a juste pensé qu’il s’adaptait bien à une chanson). Le titre parle d’une serveuse nommée Dorothy Parker, et qui avait le don d’apaiser les tensions. Le morceau a un son étouffé involontairement : la console d’enregistrement toute neuve n’était pas terminée d’être installée alors que Prince enregistrait déjà. Une alimentation électrique était manquante ce qui a résulté en un son comprimé. Susan Rogers n’a pas osé interrompre Prince pendant l’enregistrement, mais ce dernier a validé la chanson telle quelle.
La seconde face du disque s’ouvre avec It, un titre épuré à tendance humoristique et graveleuse, paraissant simple au premier abord et qui évolue vers quelque chose de plus profond. Vient ensuite Starfish And Coffee, souvent décrit comme un hommage aux Beatles en proposant une ballade rétro piano / jazz. Là dessus, Slow Love vient apporter une touche de tendresse façon Soul Music, que l’on peut rapprocher de Curtis Mayfield. Hot Thing est l’exemple même du groove lubrique, dans la lignée de titres comme Head ou Erotic City, version Linn Drum ponctuée par les solos de sax de Eric Leeds.
Le premier disque se termine avec Forever In My Life, bel hommage non avoué à Susannah Melvoin avec qui la relation a finalement périclité, ce qui a contribué à la séparation de The Revolution. Musicalement c’est une ballade sur le fond d’un rythme robotique à la Linn Drum, illuminée par une idée de génie fortuite : les chœurs sont disposés une mesure avant la phrase qu’ils doivent normalement compléter. Une erreur qui sera finalement une belle trouvaille.
On passe au second disque, qui s’ouvre par U Got The Look, ultime titre enregistré pour l’album et attribué à Camille bien que le processus d’enregistrement ne fut pas du tout le même que les autres morceaux issus du projet : la chanson a été enregistrée sur un tempo plus lent, puis la bande fut accélérée. Musicalement c’est un titre pop efficace, en duo avec la chanteuse écossaise Sheena Easton, avec qui Prince a déjà travaillé dans le passé.
If I Was Your Girlfriend et Strange Relationship s’enchainent alors, proposant deux titres de l’alter-ego Camille à la voix pitchée. Les deux titres traitent des relations homme-femme et abordent une certaine dépendance amoureuse. Musicalement, ils offrent des particularités intéressantes comme l’utilisation du sitar, ou un dépouillement qui nous ramène aux meilleures œuvres de Prince. La troisième face se termine par I Could Never Take The Place Of Your Man, efficace morceau pop/rock doté d’un long solo de guitare final.
La dernière face du disque comporte trois titres : The Cross, sorte de rock total liturgique, inspiré et émouvant, suivi du long jam funk It’s Gonna Be A Beautiful Night, comme un rappel de fin de concert justement enregistré au Zénith de Paris l’année précédente, avec participation des « 6000 merveilleux parisiens » comme inscrit dans les notes de pochette. Le morceau final est Adore, ballade Soul teintée à l’orgue et aux vocaux sublimes, comme pour quitter l’œuvre en douceur.
Globalement, l’album propose un sans faute, et Sign O The Times est souvent considéré, à juste titre, comme l’un des plus importants albums de l’histoire du disque, et notamment des années 1980. Sur le plan stylistique l’album est accompagné de photographies et d’une iconographie qui rendent Prince plus mystérieux et androgyne que jamais, et d’un look coloré et psychédélique qui rendent toute cette période très attrayante.
Critiques
Le double album de Prince a reçu des critiques presque totalement unanimes, et il est souvent considéré comme son meilleur album. Il est régulièrement cité dans les listes des 100 meilleurs albums de tous les temps. Il est noté 5 étoiles sur le site allmusic.com.
Performances commerciales
S’il y a un domaine où Sign ‘☮’ The Times a profondément déçu, c’est sur celui des résultats de ventes. Malgré les très bonnes critiques, et d’assez bonnes performances des singles dans les charts (sans toutefois obtenir de n°1, seul U Got The Look parviendra jusqu’à la 2ème place du Billboard 100 aux États-Unis) les ventes seront modestes, ne dépassant pas les 1,6 million d’exemplaires soit le même score que Parade. Le même résultat étant obtenu en Europe et reste du monde. Ainsi, avec à peine un peu plus de 3 millions de ventes mondiales, Prince est loin derrière Madonna par exemple, dont l’album True Blue paru en 1986 s’est écoulé à 7 millions d’exemplaires rien qu’aux USA.
Héritage
Généralement considéré comme le meilleur album de Prince, Sign ‘☮’ The Times a bénéficié d’une tournée spécifique (Sign ‘☮’ The Times Tour) et tous ses morceaux ont été joués en concert dans les années successives.