Cette page relate mon expérience vécue lors du concert de Prince donné dans le cadre du Festival de Jazz de Montreux le 14 juillet 2013.
Il s’agit du second des trois concerts que Prince donna cette année-là à Montreux. Pour les raisons explicitées ci dessous, je n’ai pas pu assister au concert du 13 juillet. Mon expérience débute donc avec le concert donné le 14 juillet.
Contexte
Comme les deux fois précédentes en 2007 et en 2009, l’annonce de concerts à Montreux arriva sans crier gare, bien que de vagues rumeurs traînaient depuis quelques semaines déjà. Au début de l’année 2013, Prince avait donné un certain nombre de shows dans des clubs avec son nouveau groupe 3rdEyeGirl, agrémenté d’une section de 11 cuivres originaires de Chicago. La configuration de ces groupe se prête parfaitement au Festival de Jazz helvétique, il y avait donc un espoir persistant de la part des fans pour que quelque chose se passe durant l’été.
L’annonce des concerts eu lieu relativement à l’avance, dès le 14 février 2013 avec mise en vente des billets le lendemain. Après 1 concert surprise en 2007, puis un double concert dans la même soirée en 2009, cette fois Prince viendra donner trois shows en clôture du festival ! Les organisateurs ont relaté ultérieurement qu’ils ont proposé à Prince trois dates différentes et que celui-ci a simplement répondu « je prends les trois ».
Ces concerts se déroulent alors que le fondateur du festival et grand ami de Prince, Claude Nobs, est décédé l’année précédente. Ces concerts seront ainsi l’occasion de lui rendre hommage.
Bien évidemment, la perspective de trois concerts amène autant de joies que de craintes ou d’interrogations. Trois jours de suite à Montreux, cela implique un lourd investissement financier pour de nombreux fans : voyage, hébergement, places de concerts, tout cela a un tarif festivalier durant l’été. Pour autant les tarifs annoncés sont légèrement en deçà de ceux de 2009, se montant à 140 € environ pour une place debout. Mais il y a trois dates à assurer !
D’autre part ces concerts se placent aussi dans l’éventualité d’une tournée en Europe, envisageable à l’été 2013. Pour de nombreux fans il fallait se décider dès le mois de février entre aller à Montreux ou suivre Prince en Europe. En même temps, on se dit qu’à Montreux ce sera forcément exceptionnel.
Dernier point d’inquiétude : on ne sait pas quel sera le contenu des shows. Est-ce que ce sera trois concerts quasi identiques ou trois shows totalement différents ? Y aura t-il un show « rock » avec seulement 3rdEyeGirl et sans les cuivres ? Pour ceux qui ne voulaient pas faire les trois shows, il fallait faire le choix à l’aveugle. Le détail des shows viendra un peu plus tard via le bloggueur Dr Funkenberry : il y aura deux shows au format « big band » et un show « rock » avec seulement 3rdEyeGirl.
Organisation et voyage
En ce qui me concerne, cette fois encore pas de chance : les 3 shows de Prince tombent pile sur mon premier weekend de vacances d’été, déjà programmées, où je dois rejoindre famille et amis dans le sud de la France. Après de nombreuses tergiversations il n’y avait pas le choix : je devrai manquer le premier soir pour pouvoir partir de Paris et descendre sur la côte. Je repartirai dès le lendemain vers Montreux en transitant par le nord de l’Italie, pour revenir sur place deux jours après.
Afin de minimiser les frais de déplacement je me lance dans une opération de covoiturage, à la fois parmi les fans de Prince, mais aussi sur le principal site commercial de covoiturage. Pour l’aller je trouve trois autres fans de Prince : Ludo, Patrick et Sébastien, prêts à faire la route depuis Fréjus. Une aubaine ! Pour le retour ce sera plus complexe, avec plusieurs co-voyageurs à accueillir, mais on sera moins pressés.
Le samedi 13 juillet, je descends sur Fréjus depuis Paris, soit 900 km de trajet. A peine le temps de s’installer, il fallait que j’envisage déjà la journée du lendemain et prenne contact avec mes compagnons de voyage. Au petit matin du 14 juillet je quitte mon lieu de villégiature pour récupérer mes compagnons aux lieux de rendez vous prévus, et nous diriger vers Montreux en passant par Vintimille, puis Turin, remontant toute la vallée de l’Aoste, traversant une partie des Alpes (et le col du Grand St Bernard) pour rejoindre la Suisse. Soit un peu moins de 600 km parcourus dans des paysages magnifiques, en dissertant sur les retours du premier show que l’on consulte sur Facebook. On arrive en début d’après midi sur place.
Les infos du premier show sont assez mitigées, on apprend que Prince a joué les chefs d’orchestre avec un groupe impressionnant (les 11 cuivres sont bien là) et qu’il n’a pas touché un seul instrument de toute la soirée ! En revanche le set list est plutôt alléchant avec assez peu de hits et plusieurs surprises musicales. Le groupe comprend le bassiste André Gouché, tandis que Ida Nielsen est passée à la guitare, en complément de Donna Grantis.
Le set list du concert du 13 février est le suivant : Strays Of The World / Days Of Wild / Get Freaky / Ain’t Nobody / Don’t Stop The Music / Big City / Superconductor / 1999 / Mutiny / Ice Cream Castles / Old Friends 4 Sale / People Pleaser / Ain’t Gonna Miss U When U’re Gone / F.U.N.K / Dark / Something In The Water (Does Not Compute) / Courtin’ Time / When The Saints Go Marching In (instrumental) / Xpectation / Get On The Boat / School Boy Crush (instrumental) / We’re A Winner / I Never Loved A Man (The Way I Love You) / Satisfied / I Don’t Want Nobody To Give Me Nothing (Open Up The Door, I’ll Get It Myself) / Housequake / The Jam/ The Bird / Musicology / Mama Feelgood / Extraloveable /Purple Rain.
On retrouve donc des éléments connus (dont le medley donné aux NAACP Awards en… 2005 ! ), et le morceau d’intro, Strays Of The World dans une version bien spéciale et chantée par les 3 choristes. Le reste, pour ceux qui suivent Prince sur internet depuis l’année précédente, est bien agréable mais pas franchement nouveau.
A la suite du show d’hier, Prince est apparu quelques minutes en guest star avec les membres de son groupe dans un concert de Larry Graham & Graham Central Station, pour lequel les fans crédules ont déboursé environ 80 euros.
Une fois sur place, après avoir récupéré notre bracelet coloré, il suffit de s’insérer dans la file d’attente et de patienter jusqu’à l’ouverture des portes. On retrouve, une fois encore, un grand nombre de fans déjà croisés lors de nos précédents voyages. Si l’ambiance de ce festival est toujours très sympathique, pour ce troisième passage en six ans on est en terrain conquis et l’excitation est déjà moins perceptible. D’autre part, beaucoup de fans ont assisté au show de la veille et sont donc un peu fatigués !
Le show
Nous entrons dans la salle, et le concert débute rapidement. La configuration est la même que ce qui nous a été décrit pour le premier show : un mode big band, avec plusieurs noyaux au sein du groupe : les trois filles de 3rdEyeGirl tout d’abord, auxquelles s’ajoute la section de 11 cuivres ensuite, puis des compléments tels que Cassandra O’Neal aux claviers et Damaris Lewis comme danseuse / modèle.
L’ensemble fait un sacré effet avec tout ce personnel sur scène. Le set list semble être différent de la veille, puisque le groupe débute en fanfare avec un énorme medley de 20 minutes constitué de morceaux enchaînés sur un rythme dansant : Act Of God / What Have You Done For Me Lately / Northside / (Theme Song From) Which Way Is Up? / Dancing Machine / Partyman / It’s Alright.
Autant dire que l’entrée sur Act Of God a fait son petit effet, rendant nos yeux ébahis, mais si la suite est pêchue elle a un côté balourd avec ces cuivres dégoulinants. Prince, qui est affublé d’un costume d’aspect vieillot, gère les festivités comme Monsieur Loyal mais semble visiblement forcer sur ses capacités physiques. C’est la première fois que je le vois en vrai avec son nouveau look, rappelant la coupe afro de ses débuts. En comparaison avec la fois précédente à Rotterdam, je trouve qu’il a sensiblement vieilli et qu’il est fatigué. Il ne s’est pourtant passé qu’une année !
Une fois ce medley achevé, l’ensemble du groupe sort de scène. Il se passe quelques instant dans l’attente, avant que le groupe revienne. Ce gimmick va se reproduire à plusieurs reprises durant le spectacle et devenir assez fatiguant.
Comme le soir précédent Prince ne touchera pas un seul instrument de la soirée, ce qui est vécu par certains spectateurs comme une escroquerie. Il est vrai que les moments les plus mémorables de ses concerts sont souvent ceux où il part en jam, et prend la basse ou passe derrière la batterie.
Lorsque le groupe revient, on retrouve les standards : Take Me With U / Raspberry Beret / Cool / Don’t Stop ‘Til You Get Enough / Let’s Work / U Got The Look. Toute cette série, maintes fois vécue lors des tournées précédentes, est ici agrémentée des cuivres mais il serait temps de passer à autre chose.
On a droit ensuite à un instrumental cuivré : Shade Of Umber.
Vient alors une redite de la veille, le medley composé de : Days Of Wild / Big Fun / Ain’t Nobody / Don’t Stop The Music. Pour nous c’est une découverte en dehors des répétitions de ce titre diffusées sur le canal Youtube officiel quelques mois auparavant. Mais pour ceux présents la veille, c’est du réchauffé bien que cela reste un moment phare du concert, avec du funk plein les oreilles.
Vient alors Nothing Compares 2 U.
Le concert se poursuit avec des redites de la veille, comme le medley Mutiny / Ice Cream Castles, le moment au piano de Something In The Water (Does Not Compute), Big City avec des fans dansant sur scène, Superconductor, 1999, et Musicology / Mama Feelgood.
Après un nouveau break le groupe revient pour un ultime morceau, un jam festif sur la base du morceau Partyup avec intense participation du public, qui répéta le chant à l’envie dans une ambiance survoltée.
Conclusion et sortie du show
On peut dire qu’une nouvelle fois, Prince nous a surpris à Montreux. Même si on ressent une certaine fatigue, le fait est que le show a été mené avec grande classe et nous avons passé un excellent moment.
A la sortie, les commentaires sont toutefois assez mitigés, comme pour le show de la veille. Pour ceux qui ont assisté aux deux shows, il y avait des redites (bien que jouées avec d’infimes variations) et Prince n’a pas touché un seul instrument. La troisième nuit, qui devait être uniquement avec 3rdEyeGirl, promettait d’être sensiblement différente.
Après le show, nous sortîmes du complexe pour nous retrouver sur les quais. Rapidement, les rumeurs d’un aftershow surgissent. Aux vues des événements de la veille, où Prince était apparu seulement quelques minutes lors de l’after de Larry Graham, les fans sont indécis. Faut il débourser une nouvelle fois 80 euros sinon plus pour voir Prince juste 5 minutes ? Pourtant les files d’attente s’allongent devant les distributeurs de billets, qui se retrouvent rapidement à sec. Cependant après plusieurs heures d’attente et d’informations contradictoires, il apparaît qu’il n’y aura ce soir qu’une soirée privée non accessible aux fans.
Nous passons le reste de la nuit à déambuler sur les quais lors de cette chaude nuit d’été, profitant de l’ambiance toujours surréaliste de ce festival, aux abords du lac Léman. De très bonne heure le matin, je retourne à l’hôtel en attendant le show du lendemain.