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Paris, Bercy, 13 juin 1987

Cet article relate mon expérience vécue lors du concert de Prince au Palais Omnisports de Paris Bercy, le 13 juin 1987 dans le cadre du Sign O The Times Tour.

Le contexte

Le concert du Zénith en 1986 avait terminé de convaincre les indécis, tout en laissant sur le carreau plusieurs milliers de fans qui n’attendaient qu’une seule chose : que Prince revienne rapidement en France.

Dès le printemps 1987, la chance nous sourit puisqu’il fut annoncé que Prince lançait une nouvelle tournée en mai et juin, soit seulement huit mois après les concerts européens du Parade Tour d’août 1986. Le plus étonnant est que cette tournée est portée par un tout nouveau groupe. The Revolution s’est en effet séparé à l’issue de la tournée Parade, et seuls restaient présents les cuivres, Eric Leeds et Atlanta Bliss, ainsi que le sempiternel Dr Fink et les choristes masculins Greg Brooks et Wally Safford. En dehors de cela, tout le personnel est renouvelé. Prince a choisi d’intégrer Sheila E à la batterie, ainsi que des membres de l’entourage de cette dernière dont Boni Boyer, Levi Seacer Jr, et Miko Weaver (déjà présent l’année précédente). Enfin, Cat est une nouvelle danseuse recrutée à Chicago.

Il est probable que la tenue rapide d’une nouvelle tournée ait été voulue pour exorciser la séparation avec The Revolution. En effet à cette époque, il y avait beaucoup de discussions parmi les fans disant que Prince n’était plus rien sans Wendy And Lisa dans son groupe. Et on annonçait déjà le début d’un déclin programmé. Et même l’excellente qualité du matériel de l’album Sign O The Times ne parvenait pas à démontrer le contraire, et pour cause : il était connu que la majorité de cet album fut enregistré alors que The Revolution était toujours là.

Le fait que Sheila E intégra le groupe en tant que batteuse suscita autant d’intérêt que d’interrogations. Il paraissait étrange qu’une star à part entière, et ayant déjà édité trois albums sous son nom, choisisse d’occuper une position en retrait dans le groupe de Prince (bien que la batterie soit essentielle). D’un autre côté, cela suscitait un intérêt certain du point de vue musical.

Dans un premier temps, deux concerts furent prévus pour Paris les 5 et 6 juin 1987. Mais face à l’énorme demande, les dates ont été changées pour permettre de tenir trois shows : 13, 14 et 15 juin. Ces trois dates affichant complet assez rapidement, une quatrième soirée fut ajoutée le 17 juin. A cette époque, seuls les artistes français arrivaient à faire mieux en terme de remplissage.

Avant le concert

A cette époque j’étais au lycée en classe de seconde. Prince était un artiste « grand public » en ce temps là, et il était facile de trouver des amateurs autour de moi. Il y avait dans ma classe un fan assez pointu, David, qui connaissait déjà les productions comme The Time et Vanity 6, alors que j’en étais encore à découvrir mes premières versions extended sur maxi-45T avec Kiss ou Erotic City. C’est tout logiquement ensemble que nous décidons d’aller au concert. David était une aide précieuse car il s’était déjà rendu à Bercy et il connaissait les lieux, contrairement à moi.

Pour acheter les billets de concert, il y avait un lieu de prédilection : la FNAC. Et celle où nous nous rendions le plus souvent était la FNAC Wagram aujourd’hui disparue. Le concert du 13 juin, qui était le premier de la série et avait lieu un samedi soir, fut évidemment le plus prisé. Sans aller jusqu’à se lever à 5 heures du matin comme l’année précédente, il fallait tout de même être présent devant la FNAC à dix heures à l’ouverture des portes lors de la mise en vente des billets. Vu mon jeune âge je ne m’estimais pas prêt pour aller en fosse, j’ai donc acheté une place gradins.

Le jour du show

En ce mois de juin 1987 à Paris, c’est le déluge. C’est d’ailleurs le cas sur toute l’Europe et ce qui a causé l’annulation des concerts anglais après que l’un des shows ait été donné en plein air sous une pluie battante. Malgré cela nous décidons de nous rendre sur Bercy en début d’après midi. Une fois sur place, c’est un désert humide que nous contemplons. Pas un seul purple fan à l’horizon. Il faut dire que la pluie a du en décourager plus d’un. Nous, on est bien content car on se dit qu’on est arrivé les premiers. C’est seulement en faisant le tour de l’édifice que l’on se rend compte que l’entrée pour la fosse se trouve sur le côté. Là, un groupuscule de fans se cache sous une forêt de parapluies. Pour nous abriter également nous décidons d’aller dans le café situé juste en face des escaliers de Bercy. Et là en entrant c’est la stupéfaction : l’endroit est bondé de fans, aisément reconnaissables par leur look. On trouve de toutes les époques, de Dirty Mind à Parade, en passant bien sur par Purple Rain. En plus le bar passe du Prince donc l’ambiance est à son comble. Il y a tellement de monde qu’il est même impossible de se glisser jusqu’au bar. On se poste donc dans un coin, et on attend. Nous étions loin d’être les premiers sur place…

Plus tard, une rumeur circule comme quoi les portes vont ouvrir plus tôt du fait de la pluie. C’est effectivement le cas, et nous squattons dans le hall principal de Bercy pendant quelque temps. Enfin les grilles des escaliers menant aux gradins s’ouvrent et nous nous précipitons. A l’école je suis nul en sports, mais ce jour là j’ai couru comme un dingue. On arrive à attraper des places assez bien placés, au milieu des gradins.

La salle se remplit au son de l’album de Jill Jones. L’ambiance est à la fête et les battements de mains se font en rythme sur Mia Bocca. L’attente est longue mais le moment est irréel.

Première partie : Madhouse

Les lumières s’éteignent et le groupe Madhouse entre en scène. Ils jouent en fait sur un petit espace tout en largeur devant la scène principale, cachée par un rideau arborant le nom de Madhouse comme sur la pochette de l’album. Leur set d’environ 20 minutes comprend généralement Mutiny / Two / Three / Six. Entre chaque morceau, une à deux demoiselles en maillot de bain passait sur scène avec un panneau indiquant le numéro du prochain morceau.

Le groupe Madhouse sur disque n’est guère plus un pseudonyme de Prince, et sur scène ce sont ses propres musiciens que l’on retrouve. On savait que Eric Leeds en était le principal acteur, mais nous découvrons que Levi Seacer Jr, et Dr Fink sont également de la partie. Seul le batteur est totalement spécifique : Dale Alexander.

Le show

A vrai dire, il me reste très peu de souvenirs spécifiques aux concerts de Paris. Les multiples visionnages du film Sign O The Times effectués ensuite ont totalement effacé de ma mémoire les instants vécus lors des concerts eux mêmes.

D’autre part, à part le show du Zénith quelques mois auparavant, je n’avais pas réellement vu d’artistes en concert autre que Prince. Je n’avais donc aucun élément de comparaison, mais en visionnant ultérieurement des concerts d’autres artistes contemporains à celui-ci, force est de constater que Prince est largement au dessus du lot. Aucun autre artiste « grand public » n’a une telle maîtrise de l’ensemble de l’art, rare sont les shows offrant autant de spectacle, de musicalité, de « théatralité » que celui de Prince à cette époque.

Après le show

La sortie du spectacle nous laissa grosso modo dans le même état second que lors du concert du Zénith de l’année précédente. Encore dans l’enceinte de Bercy, j’échange avec des inconnus sur ce que nous venions de voir. Tous sont hébétés et décontenancés. Il devient urgent et indispensable pour moi de voir une seconde fois le concert. Il n’est pas possible de laisser passer trois autres dates en restant chez moi. Mais les autres shows sont sold out, et les FNAC n’ouvrent pas le lundi. Je rentre chez moi en métro sans savoir comment faire, et encore dans la rame la situation parait irréelle. Une grande majorité des gens étaient au concert et tous semblent hypnotisés, comme revenus d’un voyage dans un vaisseau extra-terrestre. Soit j’entends une conversation, soit quelqu’un me conseilla, je ne sais plus, de me présenter sur place l’un des prochains jours et d’essayer d’attraper une place en vente au marché noir. Le lendemain, des sentiments contradictoires et jusqu’ici inconnus m’envahissent : je suis encore trop choqué pour envisager un second concert, en même temps je n’ai qu’une envie c’est y retourner. La journée du dimanche se passe, en famille, ce qui me freine probablement à partir vers Bercy. Mais le lundi 15 juin, je suis bien décidé à me rendre sur place…

Musiciens :

Set list :

Sheila E : drums
Boni Boyer : organ, vocals
Dr Fink : keyboards, vocals
Eric Leeds : saxophone
Atlanta Bliss : trumpet
Levi Seacer Jr : bass
Miko Weaver : guitar
Gregory Allen Brooks : vocals
Wally Safford : vocals
Cat : vocals
Sign O’ The Times
Play In The Sunshine
Little Red Corvette
Housequake
Girls & Boys
Slow Love
I Could Never Take The Place Of Your Man / Rockhard In A Funky Place
Hot Thing
Now’s The Time [Charlie Parker]
If I Was Your Girlfriend
Let’s Go Crazy
When Doves Cry / La, La, La, He, He, Hee
Purple Rain
1999
Forever In My Life
Kiss
The Cross
It’s Gonna Be A Beautiful Night

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